Le groupe espagnol a en effet choisi de lancer un défi sur la plate-forme ouverte Yegii, que je découvre à cette occasion. L'objectif affiché est de rassembler une équipe aux compétences pluri-disciplinaires, comprenant un expert de la cryptomonnaie, un chef de projet, un spécialiste des données (data scientist), un banquier… – et mixant, si possible, fervents défenseurs et sceptiques – afin d'analyser les impacts de bitcoin sur les institutions financières et d'esquisser un plan d'action.
Les personnes intéressées par l'initiative sont invitées, dans un premier temps, à s'inscrire en tant que contributeurs sur le site de Yegii, en exposant leur expertise et leur expérience. La deuxième étape consistera à soumettre une candidature au défi de Santander avec une réponse à la question qualificative : « comment approcheriez vous le sujet de l'impact de bitcoin sur les banques ? ». Une fois l'équipe idéale constituée, elle aura 10 jours pour finaliser le rapport attendu.
Santander dote son opération d'un modeste budget de 5 000 euros, sans commune mesure avec ce que coûterait l'intervention d'un des prestigieux cabinets de conseil monopolisant habituellement les prestations de ce genre auprès des directions générales. Ce n'est pourtant pas là – selon toute vraisemblance – la principale considération qui justifie la méthode originale retenue. Sa valeur réside avant tout dans l'assurance d'obtenir une vision qui sorte des conventions, ce qui est nécessairement le but recherché dans une réflexion sur un sujet tel que bitcoin.
Du point de vue de l'innovation, la démarche retient finalement plus l'attention que le thème traité, laissant entrevoir une révolution dans le secteur du conseil, voire dans la gestion des ressources humaines des grandes structures. Le recours à une palette d'expertises extrêmement variées et d'origines très diverses (loin des silos de compétence aseptisée des cabinets connus), sélectionnées individuellement et assemblées à la demande – le temps d'un projet – en fonction du besoin immédiat, constitue un renversement des modèles d'organisation classiques.
Le cadre de mise en œuvre est ici particulièrement propice mais le phénomène pourrait aisément prendre de l'ampleur dans les entreprises, favorisé par la facilité avec laquelle il est désormais possible – grâce (notamment) à Internet et aux réseaux sociaux – d'accéder à une inépuisable réserve de talents et de faire travailler ensemble des personnes dispersées aux quatre coins de la planète.