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[Critique] HERCULE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] HERCULE

Titre original : Hercules

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Brett Ratner
Distribution : Dwayne Johnson, Rufus Sewell, Aksel Hennie, John Hurt, Joseph Fiennes, Ingrid Bolso Berdal, Ian McShane, Irina Shayk, Peter Mullan…
Genre : Péplum/Aventure/Action/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 27 août 2014

Le Pitch :
La légende d’Hercule, que l’on dit mi-homme mi-dieu, a fait le tour de la Grèce, tout en dépassant allègrement les frontières. Dans les faits, Hercule est un mercenaire, entouré d’une équipe fidèle, dont les aptitudes au combat ne sont plus à prouver.
Quand il prend la tête de l’armée du roi Cotys, opposé au terrible Rhésus, Hercule doit aussi faire face à ses propres démons. Torturé par un mystérieux passé, le combattant va devoir faire un choix et assumer son statut de légende…

La Critique :
Le talent d’acteur de l’ex catcheur vedette de la WWE n’est plus à prouver. Celui que l’on a longtemps surnommé The Rock a par exemple fait preuve de beaucoup d’auto-dérision, comme dans le jubilatoire Pain & Gain, de Michael Bay. Dans le drame aussi, Johnson s’est montré convainquant. Un temps considéré comme le seul candidat crédible à la relève de Schwarzenegger (la scène d’ouverture de Bienvenue dans la Jungle illustre d’ailleurs le passage de relais entre les deux hommes), The Rock a joué dans beaucoup de films, mais dans peu d’œuvres vraiment mémorables. À vrai dire, sa filmographie ne compte aucun monument (Pain & Gain à la limite). Aucun long-métrage capable de confirmer la souveraineté de l’acteur dans l’action et ainsi d’assoir une image puissante et iconique. Aucun rôle à la Conan par exemple, qui inscrivit au début des années 80, le nom de l’autrichien Schwarzenegger au firmament des gloires du cinéma d’action (Arnold a eu du bol, vu qu’il a enchaîné avec Terminator).
Hercule aurait pu être le Conan de Dwayne Johnson. Physiquement parfait pour endosser la légende du demi-dieu, mature et plus expérimenté, le comédien aurait pu trouver là une bonne occasion d’inscrire son nom dans les tables de loi du septième-art bourrin, et offrir du même coup au péplum mythologique un nouvelle référence. Malheureusement, il n’est est rien…

Les temps sont durs pour les héros en sandales. Le genre appartient visiblement au passé, vu le nombre de produits insipides qui nous sont proposés régulièrement. Du récent 300, La Naissance d’un Empire, certes bourrin, mais trop maniéré et artificiel, au remake du Choc des Titans, en passant par la piteuse relecture de Conan, rien n’est arrivé à la cheville des références ultimes. Que l’on soit dans la mythologie ou dans quelque chose de plus réaliste, seuls Gladiator et une poignée d’autres ont réussi a marquer leur temps. Même le pourtant très inégal et bancal Pathfinder, de Marcus Nispel, fait office de coup d’éclat face à la platitude extrême des pires produits commerciaux, édulcorés et calibrés pour plaire au plus grand nombre.
Cette année, ce sont deux Hercule qui se sont affrontés au box office. Manque de bol, aucun des deux ne vaut vraiment le détour, même si le plus récent, celui qui nous intéresse, arrive à se hisser avec beaucoup de peine jusqu’à la limite du passable, alors que le Hercule de Renny Harlin, avec Kellan Lutz, souffrait de trop de tares pour ne serait-ce que prétendre au titre de sérieux challenger.

Mis en scène par le mal-aimé Brett Ratner (Rush Hour, X-Men 3, Le Casse de Central Park…), Hercule 2014 n’a pour ainsi dire qu’une seule véritable qualité, si on fait exception de sa relative bonne tenue formelle, presque normale compte tenu du budget et de l’ampleur du projet. Cet atout, c’est bien sûr Dwayne Johnson. Celui qui aurait pu trouver le rôle de sa vie et qui au final, se retrouve à la tête d’une œuvre désincarnée qui se fout non seulement de son sujet, mais aussi de son public.
Adaptation du comics de Steve Moore, ce nouveau Hercule part du principe que nul ne sait qui est vraiment le héros. Demi-dieu ? Simple mortel ? Le film ne répond jamais, même si il débute sur l’illustration spectaculaire (meilleur passage du film) de quelques-uns des fameux 12 travaux.
Vient ensuite le corps de l’intrigue. Rarement, de mémoire de cinéphile, un héros du calibre d’Hercule n’a été aussi mal introduit à l’écran. Massif, le regard déterminé, le guerrier voit son charisme se casser la gueule quand il se dévoile pour la première fois avec son couvre-chef ridicule arraché au Lion de Némée. Un casque qu’il porte tragiquement souvent et qui lui confère une allure de gros benêt ayant foiré son costume d’Halloween, le situant quelque part entre Rahan, le fils des âges farouches, Conan et Davy Crockett. Les muscles hypertrophiés de The Rock et l’envie d’en découdre évidente de l’acteur ultra motivé n’y font rien. Non seulement son look est un peu loupé (on ne parle même pas de la barbe fabriquée à l’aide de poils de testicules de yak…), mais Brett Ratner échoue lamentablement à lui conférer un minimum de gravité ou d’épaisseur (un comble quand on est taillé comme un bœuf de concours).
Concentré sur les batailles, qu’il orchestre certes avec une bonne lisibilité, le cinéaste ne met jamais en valeur les enjeux du récit, et délaisse tous les personnages, jusqu’à rendre leurs mésaventures totalement inintéressantes. Son long-métrage est une belle boite vide. Les paysages appellent du lyrisme et des affrontements pleins de souffle, mais Ratner s’évertue à nous livrer des escarmouches trop propres, assaisonnées d’un humour pas drôle. Son Hercule tourne rapidement à la bouffonnerie, malgré l’abattage de son acteur vedette, investi comme rarement.

En 1970, Arnold Schwarzenegger devenait Hercule pour un certain Arthur Allan Seidelman, et offrait à sa carrière des débuts ô combien farfelus. La suite, tout le monde la connait.
En 2014, Dwayne Johnson tente de redorer le blason du mythe. Après huit mois de préparation à soulever de la fonte et à se contraindre à un régime hyper strict. Le résultat n’est pas à la hauteur de son investissement. La dernière incarnation d’Hercule stigmatise tragiquement tout ce qui cloche dans le blockbuster à l’américaine, uniquement motivé par l’appât du gain et piloté par des techniciens peu enclins à transcrire à de l’émotion à l’écran.
Reste un produit clinquant à la 3D tape à l’œil, et aux effets-spéciaux maîtrisés. Restent également des acteurs solides, mais pour la plupart largués. Le spectacle peut être divertissant, mais est surtout fade, très premier degré, involontairement drôle et trop rarement flamboyant. En bref, le fils de Zeus a à nouveau raté son entrée dans le nouveau millénaire et c’est dommage…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Paramount Pictures France

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