Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.
Il y a les livres » feeling good « qui donnent envie de taper chez sa voisine et de lui cuisiner un tajine au citron et puis il y a les livres « malaise » qui intimident, embarrassent et presque traumatisent. Autant le dire clairement « Dans la remise » d’Inès Benaroya appartient à la seconde catégorie.
De quoi ça parle? Anna est mariée avec Bertrand. Avocate parfaite, working woman assouvie, femme comblée. Tout ce conte de fées part pourtant en fumée quand Ava, sa mère, décède. Ou est-ce parce qu’un enfant dort dans la remise et que cela la réveille la nuit …?
Qu’est- ce qu’on en pense? Au début, ça commence comme un roman français. La femme se sent mal, elle ne sait pas pourquoi, le temps passe lentement et les pages se tournent avec autant d’entrain! Et puis peu à peu, le deuil assez atypique de l’héroïne se met en place. Entre la paranoïa et la folie, tout est hors norme et l’hystérie du personnage interpelle, étonne, fascine. Là, impossible de lâcher le livre et le finir en une traite est le seul objectif. Entre les pages de détresse et de désespoir, d’autres femmes excentriques viennent en tête comme si le livre les résuscitait en quelques mots. Allez, osons, Rosemary Baby en tête! Et c’est là qu’on comprend que ce premier roman est un grand et que sa nomination au prix de la Closerie des Lilas est plus que justifiée. Un thriller psychologique mordant, à s’y plonger de toute urgence.