J’ai cessé de m’intéresser à la chanson française à partir de 1978, c’est l’année où Brel est mort, et où il a sorti des chansons fabuleuses, que l’on n’a plus égalé depuis. On peut augmenter les aigus, mettre de l’orchestration, brasser les lieux communs de l’époque, mais on ne peut faire aussi profond. C’est une année qui pour moi clôt l’histoire de la grande chanson française, celle qui portait des textes, qui vous prenait aux tripes. Aujourd’hui, on a plus de diplômés, mais personne ne peut produire de tels écrits chantés, comme si la qualité d’écriture n’allait pas avec les diplômes, mais avec la capacité d’émotions que ces chanteurs, nés avant guerre, ont possédé à un point jamais égalé. C’est un constat que font les gens de ma génération sans doute parce que l’on dispose du recul du temps, à moins que les musiques entendues jeunes ne se gravent à jamais dans nos esprits (malgré les lois sur le téléchargement, et le contrôle d’Hadopi) selon une théorie neuronale.