Ce bonheur promis ou donné
m’est douleur, douleur sans cause
ou la cause, si elle existe est ce frisson
qui bouleverse le multiple dans l’unique
comme le liquide agité dans la boule
de verre qu’interprète le fakir.
Pourtant je dis : il est sauvé pour aujourd’hui encore.
Tout autour, lui font la guerre des choses
et des images sur lesquelles descend ou se lève
ou la nuit ou la neige
monotone du souvenir.
*
Questa felicità promessa o data
m’è dolore, dolore senza causa
o la causa se esiste è questo brivido
che sommuove il molteplice nell’unico
come il liquido scosso nella sfera
di vetro che interpreta il fachiro.
Eppure dico: salva anche per oggi.
Torno torno le fanno guerra cose
e immagini su cui cala o si leva
o la notte o la neve
uniforme del ricordo.
***
Mario Luzi (Florence, Italie 1914-2005) – Honneur du vrai (Onore del vero, 1957) – Traduction de Jean-Yves Masson et Antoine Fongaro