Il y a un moment, quand on rentre de voyage, où on n'est plus là-bas mais pas encore vraiment ici. On navigue entre deux eaux, on sait bien qu'on ne peut plus vivre comme là-bas, mais les réflexes quotidiens d'ici nous semblent étrangers. Alors on fait ce qu'on peut pour rester dans son petit cocon de flou artistique. C'est ainsi qu'hier soir, j'ai commencé à regarder un film... un film que j'ai vu 6 fois, une sorte de doudou... et je n'ai pas accroché. Pas surprise, je savais bien que j'avais besoin d'autre chose. D'un peu de là-bas dans mon salon. Alors, j'ai regardé "Evo pueblo".
J'avais déjà lu la biographie du président bolivien, passionnante, écrite par Martin Sivak. J'avais peur de ne pas adhérer au film, étant donné que je savais un certain nombre de choses. Au début, j'avoue avoir fait ma réticente, mon intello du genre : "ouais, le montage n'est pas terrible... ouais, bof...". Et puis, le fait d'avoir vu Evo Morales en vrai en Bolivie, d'y avoir encore passé du temps et de comprendre la force de cet homme au charisme et à la détermination sans faille, tout cela m'a poussée à me concentrer sur les images. De la naissance du président à son ascension au pouvoir, le film raconte tout : son enfance dans la rudesse et la pauvreté de l'altiplano, sa soif d'apprendre, sa migration vers le Chapare, où, parmi les planteurs de coca, il est devenu le dirigeant emblématique qu'il est. Les images sont belles. Le symbole est beau. Evo Morales est un mythe vivant. Pour le moment, il ne déçoit pas les immenses espoirs que le peuple a placés en lui. Il avance, et son pays derrière lui. Evo est un leader, un grand homme.