Des outils suffisamment puissants voient le jour pour accéder à l’information sur Internet par des questions ouvertes. Intelligents, ils interprètent les connexions logiques implicites et enregistrent les réponses passées.
C’est depuis longtemps la promesse du web sémantique: un moteur de recherche qui pourrait répondre à des demandes complexes. En effet, des éléments implicites utilisés tous les jours par les humains restent encore difficilement solvables pour une intelligence artificielle. Un moteur de recherche ne pourra pas répondre à la question "Combien d’habitants compte aujourd’hui la ville où Abraham Lincoln est né ?". Web sémantique donc, c’est à dire capable d’assembler des données qu’un moteur de recherche sait seulement rechercher de façon séparée : la population d’une ville et le lieu de naissance d’une personnalité. Microsoft et Apple s’entourent aujourd’hui de nouveaux outils qui restaient jusque-là très "théoriques". D’un côté, le moteur de recherche Bing chez Microsoft facilite les requêtes web; de l’autre, SIRI, rachetée par Apple, un assistant personnel intelligent commandé par la voix. Ces deux technologies font la même promesse d’accéder de façon plus intuitive pour les humains à la masse d’informations disponibles – que Google a, à son époque, contribué à indexer. À cela, s’ajoute la contrainte d’une intelligence artificielle qui, pour tous les deux, est censée "apprendre" de l’utilisateur au fil de ses requêtes.
Discuter avec des moteurs de recherche intelligents
Dans le domaine des moteurs de recherche, Google a su se faire une place grâce à un système d’indexation unique. Son idée était de référencer les pages par rapport à leur succès sur les utilisateurs. Déjà considéré comme un système d’indexation intelligent et évolutif, les requêtes devaient être faites les unes après les autres, et chacune d’elles devaient reprendre à zéro la recherche. L’interaction entre l’utilisateur et l’algorithme du PageRank reste donc très limitée.Wolfram Alpha s’était déjà donné pour tâche de dépasser la recherche "auto-centrée" de Google. Celui-ci proposait une approche de l’information disponible qui puisse décrypter le "contenu" d’une page web – c’est-à-dire aller au-delà d’une indexation par balises HTML et par mots. L’étape que franchit désormais Bing est celle de la discussion. Pour ce faire, il lui faut mémoriser les questions d’un utilisateur pour dresser un historique des "requêtes web", et permettre au moteur de recherche d’isoler un même sujet sur plusieurs questions sans qu’il soit nommément mentionné. C’est ainsi que Bing, après avoir cherché pour nous le lieu de naissance d’Abraham Lincoln, sait qu’un utilisateur se réfère au même Lincoln lors de sa requête suivante: " Quand est-il devenu président ?".
De SIRI à VIV, l’avenir des assistants personnels
Les fondateurs de SIRI, assistant bureautique vocal présent sur l’iPhone depuis 2011, travaillent à la conception d’un successeur d’une nouvelle nature. Axé sur la mémorisation des requêtes passées, VIV pourrait apporter des réponses aux assertions les plus implicites. Un simple "Je suis ivre" fera comprendre à VIV qu’il faut activer la localisation, commander un Uber jusqu’à l’adresse principale de l’utilisateur. Ce SIRI 2.0 mixe donc l’apprentissage-machine (machine learning) traditionnel et des algorithmes capables d’isoler dans une phrase des pièces sémantiques séparées, puis de les traiter une à une. De cette façon, un automobiliste en route pour un dîner pourrait demander à VIV quel vin assortir à tel plat. VIV saurait isoler chacun des éléments pour localiser la voiture et dans le même temps, l’orienter vers le magasin le plus proche tout en recherchant des conseils en œnologie adaptés. Ce type de réponse est encore strictement impossible pour les assistants intelligents présents sur les smartphones vendus aujourd’hui, du SIRI au "Google Now". VIV a donc vu le jour pour que la façon dont on interagit avec une intelligence artificielle se rapproche de l’habituel mode de conversation tenu avec des humains. A l’instar des efforts de Microsoft pour améliorer la qualité de l’accès aux informations rendues possibles sur Bing.