Gouvernement Valls II. Étonnant à quel point on y retrouve The Economist.
The Economist apprécie beaucoup M.Valls qu'il compare depuis toujours à M.Sarkozy. Probablement avec une préférence pour M.Valls, M.Sarkozy étant insupportable, et manquant de fiabilité. L'environnement du président est aussi fort intéressant. Sa conseillère, Laurence Boone, est l'économiste que The Economist interviewe lorsqu'elle veut se renseigner sur la France. Le nouveau ministre et ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, M. Macron ne m'est pas connu. The Economist l'adore. Il vient de chez Rothschild. Il est un fils de notables. Un peu comme la nouvelle compagne de notre président. C'est aussi le cas de l'homme à qui M.Macron était associé à l'Elysée : Nicolas Revel, fils de Jean-François et de Claude Saraute, elle même fille de Nathalie.
Par ailleurs, on sait rarement que The Economist est très favorable au mariage pour tous et, plus généralement, à des valeurs que l'on associe maintenant à la gauche. Notamment à l'immigration. Cela vient de ce qu'il pense qu'il est "interdit d'interdire", que l'individu doit faire ce qu'il veut. The Economist est un journal à tendances libertaires, au sens où il croit à un homme sans morale, sans lien social. Le Marché permet ce miracle. En cela il rejoint les idéaux de la gauche de pouvoir, qui est postmoderniste. Proximité d'autant plus grande que cette gauche apprécie de plus en plus les mérites de l'argent, car elle découvre qu'elle est capable de se reproduire. Les Revel font des Revel ou des Ricard et les Touraine des Touraine. Idem pour les Bourdieu. L'ancienne barrière méritocratique qui faisait que le normalien n'avait pas d'enfants normaliens est tombée. (S'il ne fait pas de normalien, au moins est-il sûr de faire un énarque ou un producteur de cinéma.)
La France de Mme Thatcher ?
Ce gouvernement ressemble donc aux gouvernements Blair / Brown. S'il a les mêmes conséquences, la France de demain devrait être l'Angleterre d'aujourd'hui. C'est à dire, toujours selon The Economist, transfert de richesse du particulier vers l'entreprise ; destruction de la sécurité sociale qui profite au "paresseux" ; peu de chômage mais masse de travailleurs pauvres (la notion de chômage ne voulant plus rien dire) ; et "Français de souche" comme déclassés.
Le retour du PC ?
Face à cette prise de pouvoir de la caste des héritiers (renommée par elle-même "élite") semble se reconstituer une représentation du "peuple" (au sens "masse"). A droite, il y a le FN. A gauche M.Montebourg retrouve des accents du PC. En effet, le PC, comme le FN, voit le peuple comme une "masse". Ce qui compte est l'emploi. Et ce qui fournit l'emploi c'est l'industrie de "masse". Le PC est donc l'allié naturel d'une forme de grand patronat paternaliste.
Et de Clémenceau et de De Gaulle ?
La question qui se pose est : va-t-il y avoir reconstitution des ex partis radicaux, héritiers de la révolution et qui ont été à la tête de la République pendant l'essentiel de son existence ? Credo individualiste et moral. Mais parti instable, du fait de cet individualisme.
Peut-il y avoir un renouveau du Gaullisme, qui était supposé consolider les failles du radicalisme ? Alliance entre un dirigeant charismatique et le peuple ? Peu probable. Même de Gaulle a échoué.
Confusion
Ce qui est certain, c'est qu'il y a une grande confusion. On ne sait plus de quoi l'on parle. Les tendances politiques ont été parasitées par leurs opposés. Par exemple, M.Valls se présente comme un radical, descendant de Clémenceau, alors qu'il me semble Thatchérien. De même le PC a été infiltré par les Trotskystes et les Gaullistes par les néoconservateurs... Elles vont devoir se reconstituer à tâtons. Avec l'écueil permanent de querelles d'ego, qui font prendre un ami pour un ennemi (et un parasite pour un ami)...
(A noter que le chaos n'est pas certain : la France a la capacité de s'unir, derrière des valeurs communes.)