Aujourd’hui débute le Workshop Infiné qui investira du 27 au 30 août la Carrière du Normandoux. L’occasion de caresser de l’oreille le dernier soir du festival les odes à l’électronique sensible et onirique du parisien vOPhoniQ qui remettra le couvert quelques jours plus tard, le 4 septembre au Sucre à Lyon, le temps d’une release party de son label Planespotting conçu selon ses propres concepts en la matière : pas de scène, pas de line-up, pas de dj-star. Et c’est justement parce que l’auteur des récents Hommage A Tensing Norgay (lire) et Album (lire) détonne et passionne dans la grégarité ambiante qu’on a voulu lui poser quelques questions s’agissant de son parcours et de ses projets. Entretien et concours en fin d’interview pour la soirée Planespotting Event N1.
Entretien avec VophoniQ
En préambule, peux-tu revenir sur l’histoire de VophoniQ, d’où le projet est-il parti et comment a-t-il évolué ?
Le projet a été crée en 2008/2009 lorsque j’ai décidé d’arrêter d’étaler de la peinture (sous VO) et de faire que de la musique.
Ton patronyme, au delà de préserver un certain anonymat, fait-il référence à la perception que le public doit avoir de ta musique ? Une potentialité entre la voix et les technologies ?
V.O désigne une ligne de conduite. Et à force, juste un bruit.
Tu as sorti très récemment Album, ton troisième LP. En quoi pour toi est-il différent de Human & Computer et surtout Cosmogonie qui t’a révélé ? Observes-tu une rupture dans ta façon de concevoir ta musique, de la produire ?
Sur chaque release, j’ai eu une approche de la musique et un process différent. Je ne vous parlerai pas de ce que j’ai voulu faire ni ce qui m’a amené là, mais je peux décrire mon état d’esprit et les méthodes utilisées.
Pour faire une introduction brève, j’ai commencé à faire de la musique, ado, en faisant des beats de rap. J’avais une bonne connaissance du rap américain surtout East Coast, n**** et vers 2007, j’ai découvert le travail de beatmakers incroyables, Myspace… Human & Computer, a été créé à partir d’une compilation de sons que j’ai écrits pendant l’année 2009. Succession de beats ≈ cool ≈ enchainés ≈ entrecoupés de micro textes qui parlent de l’homme et de ses créations. Je ne savais pas composer de musique alors j’ai composé comme avec la peinture. C’est l’époque où j’ai découvert l’échantillonnage et la synthèse. Et évidemment, toutes les questions qui vont avec.
Entre temps, j’ai découvert quelques bon trucs rock.
Cosmogonie, a été crée de toutes pièces, avec l’idée d’écrire une cosmogonie. Les deux chapitres se sont créés tout seuls. Je savais déjà un peu mieux composer mais tous les aspects techniques m’étaient particulièrement étrangers. En d’autres termes, j’ai laissé faire la nature. Pour celui-ci, j’ai favorisé l’auto-sampling au pillage et utilisé beaucoup plus la synthèse sonore. C’est l’époque où j’ai découvert le monde spirituel, les spiritueux et les psychotropes. Avec toutes les réflexions qui vont avec.
À partir de ce moment là, j’ai beaucoup appris sur la technique et écouté des choses magnifiques – dont certaines que l’on m’avait citées en référence pour Cosmogonie et Human & Computer, haha. Maintenant, je sais suffisamment de choses pour me dire que je ne sais pas assez de choses. Rien ne sera plus comme avant. Avec tout ce que ça implique.
Je ne fais aucune distinction entre format court et format long du moment que l’histoire est racontée.
Alors j’intègre à la liste, Hommage A Tensing Norgay. Celui-ci, a été mûri pendant trois mois et composé en deux jours. L’idée était de rendre hommage à un homme, discret, qui a dû vivre et voir des choses incroyables sur terre. Mais qui a aussi aidé des hommes à accomplir leurs rêves. Il a été composé en une seul piste puis séparé en quatre parties. Tous les synth sortent d’une jam enregistrée sur un vieux truc trouvé sur ma route. Vous remarquerez qu’il y a un hommage dédié à l’homme ‘Tensing’ et un autre, dédié à son clan ‘Norgay’. C’était important pour moi.
Celui que vous nommez Album n’est en fait que le mix qui devait accompagner le vrai album qui changera de nom et sortira plus tard. Celui-ci a été composé il y a plus d’un an. Et sa forme initiale fut la B.O d’une pièce de dance contemporaine appelée Moonstein. J’en parlerai plus tard.
Album, celui que vous connaissez a été crée en deux jours, aussi. C’est un mix, composé d’édit de morceaux qui ont composé la B.O, de ces deux dernières années de ma vie. Tous édités et associés pour leur donner un nouvel angle d’approche et évidemment, pour rendre hommage à leurs créateurs.
Ta musique caresse l’électronique avec une poésie qui n’est pas coutumière. Quelle est la portée narrative de celle-ci pour toi ? Qu’essayes tu de transmettre par ce biais ?
On verra.
Ta démarche artistique semble se concevoir par le biais du net avec une dimension visuelle très forte. Quelle est véritablement le poids de celle-ci dans ton travail ? Qu’est-ce qui t’obsède le plus : la beauté crue d’une montage ou sa pixellisation triturée ?
L’échantillonnage et la synthétisation de l’homme me fascinent. Tout autant que l’activité ‘extra-scrollaire’. Mais, aller voir une montagne et voir une montagne sur un écran, d’ordinateur ou de cinéma, sont deux démarches sans commune mesure.
Parlons de Planespotting. De quoi va-t-il être l’instrument : uniquement de ta musique – sous toutes ses formes – ou progressivement de celles des autres ?
Planespotting est un projet qui vise principalement à aider des gars qui sont capables de faire de la musique géniale mais qui n’ont pas forcément toutes les cartes en mains. Je les aide à développer leurs projets, à pousser leurs idées, leurs donner des conseils techniques… Histoire de ne pas perdre trop de temps ou qu’ils se découragent. Personnellement, j’ai toujours tout fait tout seul, sans grand conseil technique ou pratique et ça a été parfois bien long.
Alors, plutôt que de continuer à dilapider mon énergie à apprendre ce que je savais à droite à gauche sans y trouver mon bonheur, j’ai préféré re-centrer mes travaux et mon énergie autour d’un projet. La première release (Avril, 2014) qui est en fait la PLSTNG0002 a été fait en collaboration avec Opaque transparent (un humain formidable), sur la base de ses propres travaux. Le même processus est en oeuvre avec Hajj en ce moment. Quelques autres projets sont en cours et se croisent avec de nouveaux trips, chaque semaine, quasiment.
Tu joues très bientôt dans le cadre du Workshop Infiné. Quelle dimension donne tu à tes productions en live ? Veux-tu transcender ton travail de composition discographique ?
Pour commencer, je joue très peu en live parce que je ne trouve quasiment jamais mon bonheur.
Je déteste ce qu’est une soirée electro/techno aujourd’hui. Je déteste les Djs stars. Je déteste les line-up. L’attitude du public la plupart du temps – petit plaisir artificiel sur la langue, investissement minimum et attente énorme. Et je déteste cette scène inutile (pour un mec avec son ordinateur ou ses platines) qui nous coupe du public et qui oblige à avoir des retours, haha.
Tout ceci est, pour moi, totalement absurde. Alors, je vais jouer là où les conditions sont réunies pour que je sois bien. Des soirées où j’irais, simplement. Et je commence à créer des événement qui me ressemblent. Le premier, si tout se passe bien, sera le 4 septembre, à Lyon, au Sucre. Planespotting Event1.
Le live est l’occasion de jouer ma musique dans des conditions uniques. À des volumes conséquents et du coup, de vivre des choses impossibles à vivre à la maison.
Quel est le futur proche de VophoniQ, et indirectement, de celui de Planespotting ?
Pour VO : Workshop Infiné, carrière du Normandoux. Puis Planespotting Event1, Sucre. Avec Opaque Transparent et Hajj… Je vous donnerai plus de détails bientôt. Je travaille en ce moment sur un nouvel album, un autre. Il sera prêt assez rapidement, je pense. Et d’autres pièces pour d’autres labels.
Pour Planespotting : Avec Mr Clayderman, on travaille sur le format de Opaque Transparent, Hajj et d’autres gars, dont les contours des projets sont un peu moins définis. Les infos sont là (les titres sont des pages).