Du lavabo a l’écarlate en moins d’une demi-journée. La double humiliation dont tout le monde se passerait bien en débarquant sur la côte, surtout après avoir bataillé tout l’été contre le complexe du maillot. À chaque jour suffit sa peine, et à la plage son lot de bourrelets. Noyé dans la masse de cet étalage de chair, à peine osez-vous tomber la chemise que le sosie de James Bond sort de l’eau pour vous ramener à votre condition de simple mortel, condamné au SPF puissance max au risque de finir écrevisse. La classe.
Cheveux au vent, la démarche assurée : lui, personne ne l’éclabousse. Pas même les volleyeurs ni les projectiles de sable lancés par les enfants, dont le point de chute se trouve immanquablement sur votre serviette flambant neuve. Quel chic. Surtout quand vous venez de vous tartiner de monoï, avec un contorsionnisme digne d’un grand maître yogi. Aubaine inespérée de secourir la demoiselle en détresse ? Le voisin appréciera, depuis le temps qu’il vous colle alors que la plage est vide (pour une fois). Des mateurs professionnels à l’homme phoque et en passant par le vendeur de churros, les spécimens marins ne manquent pas dans l’art gâcher le plaisir. En vous détournant de votre préoccupation principale : rentrer hâlée sans cramer. Quand bien même vous avez – volontairement – oublié vos lectures à l’hôtel pour lézarder en mode veille, ouvrez l’œil : la plage est un microcosme digne du plus loufoque des zoos, une comédie humaine à ciel ouvert n’ayant rien à envier aux téléréalités de l’été.