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Voyage en italie - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Roberto Rossellini (1954 - Italie) avec Ingrid Bergman, George Sanders - en N.B.

Suspense amoureux.

L'histoire : Deux londoniens chic et élégants, Katherine et Alex, descendent en voiture jusqu'à Naples où un oncle leur a laissé une maison en héritage. Ils veulent la vendre et ne comptent rester que quelques jours. Alex regrette d'ailleurs de ne pas avoir pris l'avion, bien plus rapide, mais Kathryn pensait que ce long voyage serait une occasion pour se retrouver, puisque depuis leur mariage, ils sont sans cesse entourés, jour après jour. Mais la route ennuie Alex et Katherine en est navrée... sa compagnie lui serait-elle désormais désagréable à ce point ? Sur place, en lieu et place de retrouvailles amoureuses, ce sont leurs différences qui éclatent au grand jour...

Mon avis : Un joli film, habilement mené puisqu'on s'attache aux personnages et qu'on a envie de savoir comment cela va finir ! Le tout dans le contexte de la baie de Naples, grandiose, entre la ville elle-même, Capri, le Vésuve, Pompéi et la merveilleuse maison. Le chaud soleil de l'Italie du Sud fait fondre comme neige au soleil les coeurs coincés de nos bons amis british... Les acteurs sont tous deux vraiment charismatiques ; Ingrid Bergman a la classe et la détermination d'une Katharine Hepburn, mais avec une infinie douceur en plus dans le regard et la courbe des joues. Une vraie lumière semble irradier de son visage. 

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Ce film est mon premier Rossellini et j'ai beaucoup aimé. Cinéma réaliste avec une caméra qui bouge et qui s'attarde autant sur les rôles principaux que sur les secondaires (excellents) et même les figurants, sur les paysages grandioses mais aussi sur les ruelles encombrées et les chamailleries en tous genres des Napolitains. Le tout - et c'est paradoxal - avec une grande simplicité dans le regard.

L'impossibilité de communiquer entre Kathryn et Alex est fort bien décrite et analysée. Chacun s'emmure derrière les reproches qu'il formule envers l'autre, mais sans lui dire vraiment ce qu'il ressent et sans remettre en question sa propre attitude. Never complain never explain ! On sent qu'on va au clash, alors qu'il suffirait que chacun fasse un petit effort... Ce qui est dingue, c'est que c'est un Italien qui filme, mais il réussit à transcrire cette sorte d'ultra pudeur très britannique, qui place tout dans le paraître et les conventions. D'ailleurs, autour d'eux, les Italiens s'embrassent, râlent, crient, chantent. Le contraste est saisissant et le couple attendrissant dans ses vains efforts pour briser la glace au bout de huit ans de mariage ! Et puis il y a toute cette symbolique autour d'eux, le volcan, les catacombes, la ville enterrée vive, qui fait dire à Katherine "La vie est si courte !" et Alex de répondre "Oui, c'est pourquoi il faut en profiter". Seraient-ils sur la bonne voie ? Terribles aussi, ces enfants et ces femmes enceintes que Katherine voit partout, alors que le couple n'en a pas... on comprend son désir de maternité, qu'elle ne veut pas s'avouer à elle-même !

Beaucoup de charme, vraiment.

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Le film fait bien sûr penser au Mépris de Godard, qui traite lui aussi de la désagrégation d'un couple près de Capri ! Même sobriété, même soin dans les cadrages. Pas de dramaturgie poussée, mais une plutôt une "observation" des personnages qui vont et viennent, sans qu'on sache vers quoi ils vont aller. Mais le Rossellini m'a bien davantage intéressée ! J'ai trouvé Sanders et Bergman autrement plus attachants que Piccoli et Bardot et les petites histoires parallèles bien plus riches que le "tournage du film dans le film" hyper kitsch chez Godard. Le but n'était sans doute pas le même : Rossellini pose dans tout ce qui entoure le couple mille et une choses qui nous permet de comprendre ce qui se passe dans leurs petites têtes. Le "film dans le film" de Godard voulait sans doute exprimer la fin d'un certain cinéma, très formaté, et l'émergence d'une nouvelle façon de faire, beaucoup plus libre. Mais moi je suis une sentimentale, pas une technicienne.


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