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Comment je suis convoqué à l’exégèse visuelle, en l’occurence sur l’affiche de Ségolène Royal (ou ma vie professionnelle 2 :)

Publié le 18 décembre 2006 par Cdsonline

Au centre géométrique de l’affiche, au croisement des diagonales, un visage net émerge d’une composition de visages artificiellement “floutés”, donnant l’impression d’un montage photoshop réalisé à la hâte et sans nuances, avec un large halo blanchâtre au premier plan nimbant trois personnages de dos, surmonté d’un halo confinant à la tâche blanche “grillant” le haut du visage des personnages collatéraux et débordant jusqu’à la tempe gauche de Ségolène Royal, permettant au visage net et souriant de la candidate de se détacher distinctement de la foule censée l’entourer.
Elle seule sourit. Ceux qui l’entourent et dont on peut discerner l’expression malgré la massive opération de “floutage” semblent plutôt préoccupés…
L’encolure et le haut de la manche de sa veste de tailleur blanc cassé sont également nets, renforçant la différence de “réalité” entre la candidate et les personnages qui l’entourent…
Sur l’arrière plan, d’où émergent d’autres fantomatiques figures (dont deux paraissent hors d’échelle) s’inscrit en rose soutenu avec une approche (espace inter-lettres) négative : “Ségolène Royal” dans une composition centrée, puis en oblique, en noir et en bas de casse : “pour que ça change fort !” décentré sur la droite.
La signature “Parti socialiste” composée en blanc et également en approche négative, s’installe dans la partie basse gauche de l’affiche, pendant qu’entre le logo de “la rose au poing” et un autre signe graphique dont on peut deviner un R bleu sur fond jaune au jambage particulièrement élancé, l’adresse et le site internet du parti socialiste se déploient sur toute la largeur, en bas de l’affiche…
Mais que dit donc cette image? Quelle histoire peut elle bien raconter? Quel message fait-elle “passer”?
Indéniablement la candidate se démarque de ceux qui l’entourent, elle seule est nette, tout le reste est plus ou moins flou. Elle apparaît ainsi “nimbée” par des auréoles blanches qui lui confèrent un statut d’exception, l’assimilant même à une “apparition”, non exempte de connotations mystiques si l’on en réfère à la tradition picturale… La lecture des mots s’impose alors pour saisir le “sens” du message : “Ségolène Royal, pour que ça change fort !”
Mais que veut donc dire “pour que ça change fort !”? L’attention est dans un premier temps déconcertée par la conjonction de “change” avec “fort”… Changer et fort se trouvent rarement aussi étroitement associés, dans la littérature comme dans le langage populaire. On revient alors à l’image. Qu’est ce donc qui doit non seulement changer mais de surcroît changer “fort”? Réponse : “ça” ! Oui mais “ça” quoi? Qu’y a-t-il à comprendre au juste? Le “ça” ne fait-il pas partie des mystères de l’indicible, voire de l’ineffable? “Wo es war, soll ich werden.” avait prédit Sigmund Freud (Là où “ça” était “je” dois (doit) advenir).
Anticipant de près d’un siècle l’avènement S’ÉGO?…


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