Une grille pour libérer les compositions visuelles (ou ma vie pédagogique de directeur artistique 2 : )

Publié le 02 février 2007 par Cdsonline

Exemple de constitution d’une grille basée sur le rapport 1,414 et mise en page indicative.

Une autre grille construite à partir du rapport √2 avec un exemple basique de mise en page corrélée.

Pour parler franc, s’imaginer qu’on va réussir durablement toutes ses mises en page sans vouloir entendre parler de la suite de Fibonacci (en particulier) ni de la géométrie (en général) relève à mon sens d’un déficit de formation doublé d’un manque de curiosité triplé d’un laxisme professionnel rédhibitoire pour autant que l’on prétende cultiver un souci sincère pour l’expression visuelle au point d’en faire son métier.
L’intuition, l’inspiration, l’imagination sont bien sûr indispensables à ce genre d’exercice, mais quand on cherche des truffes, c’est encore mieux de savoir qu’on ne les trouve qu’en hiver, dans les sols calcaires, à une certaine profondeur, et de préférence à proximité des chênes ou des noisetiers… Sans parler de l’aide précieuse que peuvent apporter un chien ou un cochon correctement formés…
Puisqu’on est dans le campagnard, mettons que vous vous promenez au jardin du Luxembourg et que vous décidiez de parier sur la victoire d’un joueur d’échecs. Si le regard de ce dernier se fait interrogatif et qu’il a l’air de comprendre que vous ne le trouvez pas assez chaudement vêtu parce que vous avez prononcé devant lui le nom de Tartakover, réfléchissez-y à deux fois. Les Django Reinhardt dans leur domaine d’activité, il y en existe certainement, mais ça court pas les rues non plus…
Bon. Voilà, c’est dit… ;-). Reprenons.
Au début était le… format. (c’est la phrase la plus importante de toute cette note.) Toute création commence par un format.
Prenons par exemple ce qui nous tombe sous la main comme format: un A4. Ouais, bof. Il tombe sous la main et il pourrait presque tomber des mains celui-là. Pourquoi le A4 n’a-t-il jamais été utilisé ni par les moines copistes médiévaux, ni par les enlumineurs de la Renaissance, ni par tout ce qui s’est fait de beau sur papier ou sur toile jusqu’à l’ère moderne ? Parce que la grande “qualité” du A4 est essentiellement d’ordre… industriel ! ISO comme ils disent les industriels. Son ratio de 1,414 (√2) lui permet de se diviser par deux sans changer le rapport entre sa largeur et sa hauteur qui elle, est constante ; ainsi A1: 2 = A2: 2 = A3: 2 = A4: 2 = A5…
Format remarquable, certes — pour les machines en tout cas qui en redemandent, les gloutonnes — auto-répliquant à souhait, mais est-ce pour autant un beau format ?
Visiblement, bof.
Oui mais si on est obligé de l’utiliser alors (pour des raisons “économiques” notamment) comment est-ce qu’on fait donc, hein ?
Eh bien on essaie de l’op-ti-mi-ser ! Avec une grille par exemple… On occupe ainsi l’espace le plus “musicalement” possible en utilisant le format de manière à faire “résonner” la totalité et les parties, en créant donc des harmonies plastiques et en trouvant des rythmes intéressants… Même si les matériaux ou le sujet ne vous permettent pas de faire des prouesses de virtuosité graphique — contenues à l’intérieur de vous-même et qui feraient pâlir de jalousie un nain faux-graphiste scotché à Toshop s’ils pouvait deviner de quelle audace créatchive (pour parler comme à Marseille, mon origine sudiste me permettant de parler le marseillais couramment…) vous êtes capable — vous obtiendrez alors un minimum de mise en ordre. Et l’ordre n’est-il pas déjà le début de la beauté ? :-D