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Mon amie c'est la finance !

Publié le 26 août 2014 par Raphael57

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Décidément, ce gouvernement déclaré de gauche n'en manque pas une lorsqu'il s'agit de prendre son électorat à rebrousse-poil, comme en témoigne cette déclaration de Michel sapin :

Pourtant, le discours officiel était, il n'y a guère, le suivant :

Que s'est-il donc passé en deux ans ? D'après cet article de Libération, c'est "l'histoire d'un renoncement sémantique" qui passe par différentes phases, depuis "la finance est essentielle à l'économie" (Moscovici en 2013) à "nous avons besoin de la finance" (Valls en 2014) en passant par la vérité médicale de feu docteur Montebourg "la finance c'est comme le cholestérol. Il y a la bonne et la mauvaise".

Est-ce à dire que la crise est donc finie ? Oh non, comme je l'avais rappelé dans ce billet où je montrais que le chômage atteint des sommets dans de nombreux pays. En France, l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi depuis 2007 est effrayante :

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[ Source : Alternatives Économiques ]

A court terme il n'y a pas grand chose à attendre de la demande extérieure et encore moins de la demande domestique au vu du chômage, de la faiblesse des salaires réels, du ralentissement voire du recul du crédit au secteur privé et de la politique d'austérité menée par ce gouvernement avec encore plus de force que le précédent... Et le remaniement qui vient de s'opérer ne laisse rien présager de meilleur, bien au contraire puisque cette fois les austériens vont marcher en ordre serré autour du Premier ministre ! Or, tant qu'on ne changera pas le logiciel global de pilotage de l'économie basé sur le triptyque austérité-compétitivité-inégalité, aucune amélioration ne sera possible en particulier dans la zone euro !

Pendant ce temps, la finance elle se porte à merveille comme en témoigne la progression record des dividendes versés aux actionnaires européens depuis 5 ans :

Dividendes-2014.jpg

[ Source : Les Échos ]

Il est vrai que le monde de la finance n'a vraiment rien à craindre du régulateur en Europe, contrairement aux États-Unis où le régulateur a frappé plusieurs fois très fort ces derniers temps, en particulier contre BNP Paribas :

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[ Source : Le Figaro ]

En effet, au sein de l'Union européenne la BCE vient d'annoncer deux LTRO sur 4 ans et va probablement continuer à abreuver l'économie de liquidités pour éviter la déflation. De plus, on ne cesse de voter des régulations plus lâches et relâches les unes que les autres, au point qu'il devient presque évident pour tout le monde que si l'on cherchait à ne pas réguler la finance on ne s'y prendrait pas autrement.

Ainsi, la mise en place d'une Union bancaire (et de son corollaire le superviseur bancaire) a été si laborieuse qu'il ne s'agit déjà plus que d'une usine à gaz qui passe à côté des vrais problèmes. Car en plus de devoir attendre 2025 pour que le mécanisme fonctionne à plein, celui-ci est tellement complexe qu'il lui sera difficile de rétablir la confiance dans le système bancaire européen. Le pire est que l'accord trouvé ne brise même pas le lien entre sauvetage des banques et endettement des États, qui était pourtant le point de départ de l'Union bancaire...

Il y a donc fort à parier que si une catastrophe bancaire arrivait, par exemple au Portugal (voir mon billet), les États seraient à nouveau obligés de s'endetter pour sauver ses banques. Sauf que cette fois les États ne disposent plus de marges de manoeuvre suffisantes...

Le vrai problème, que le gouvernement ne semble pas avoir compris (est-ce seulement possible après avoir fait l'ENA ?), n'est pas tant celui de la finance que de la financiarisation à outrance de l'économie ! Cette hypertrophie de la finance est du reste une réalité quantifiable : les volumes de transaction sur produits dérivés sont devenus très dangereux et ne correspondent plus uniquement à des logiques de couverture de risques.

Bien au contraire comme le montre le tableau ci-dessous, qui présente les flux dans la sphère économique mondiale en milliers de milliards de dollars (appelés trillions par les Américains et parfois téra-dollars) :

flux-financiers.png

[ Source : www.financeglobale.fr ]

A partir de ces chiffres issus du FMI, de la Banque mondiale, de la BRI, et compulsés par François Morin, on constate que les flux financiers sont près de 60 fois supérieurs aux flux de l'économie réelle ! Pour le dire autrement, la spéculation fait rage sur les marchés financiers...

Et si pour changer, le gouvernement s'imposait de vrais objectifs ? Par exemple reprendre la main sur les taux d'intérêt et les taux de change, qu'il n'aurait jamais dû céder à la jungle des marchés financiers ! Mais il n'en a pas le temps, car il reste trop occupé à réciter le mantra de l'austérité pour le plus grand malheur de l'économie française...

N.B : l'image de ce billet provient d'un article du site http://www.pg87.fr


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