Aujourd’hui, j’ai eu mon dernier cours d’enquêtes ethnologiques, un cours passionnant avec une prof géniale. J’ai même rendu un dossier de 25 pages, si, si!!! Je sais ce n’est rien comparé aux 300 pages d’une thèse… Mais, je ne suis qu’en première année. Je suis contente d’avoir rendu ce dossier, je vois tout le chemin que j’ai parcouru en une année (plutôt six mois…), tous les entretiens que j’ai eu, les expériences… Je trouve que se confronter au terrain dès la première année est une très bonne chose, ça nous permet de voir ce qui nous attend. Tout cela me donne presque envie de continuer l’anthropologie après la licence, c’est tellement passionnant. Mais il y a un mais, et même plusieurs. D’abord dès le master, il faut partir un semestre à l’étranger, et puis en thèse, c’est minimum un an. Je serai loin de mes amis, de ma famille, de mon amoureux (sauf s’il décide de m’accompagner), c’est difficile. En plus faire une thèse c’est bien joli, mais après? Aujourd’hui la prof nous a parlé des débouchés, et ce n’est pas reluisant. Cette année, les postes au CNRS et dans un autre institut (je ne me rappelle plus du nom) ont été supprimés (on dirait que l’anthropologie ne rapporte pas assez à la recherche), de toute façon, ce n’est pas vraiment une grosse perte puisque chaque année il n’y avait que trois postes pour 400 candidats. Sinon, il y a le choix de devenir maître de conférence, mais la c’est pareil, il y a environ cinq postes chaque année sur toute la France pour 150 candidats. Autant dire que tout cela est pratiquement impossible si on est pas un petit génie. Heureusement, il y a quelque chose qui peut sauver les doctorants. D’abord pas mal de postes sont proposés deux fois par an par une organisation d’anthropologie, mais ce ne sont que des contrats de un à trois ans, donc c’est assez précaire. Sinon, il y a la solution de se faire engager par des boîtes privées (ONG, entreprises, hôpitaux) qui recrutent beaucoup d’anthropologues, pour bénéficier de ce regard “anthropologique” si distancié, qui peut permettre de sortir d’un conflit grâce à un regard extérieur. Ce doit être vraiment génial, mais c’est pareil, il faut souvent travailler à l’étranger (en Afrique par exemple, l’ONU recrute pas mal d’anthropologues). Ce doit être vraiment passionnant de travailler dans une ONG. On peut même le faire à partir du master car une fois qu’on l’a, on est reconnu en tant qu’anthropologue en Europe. Oui, toutes ces considérations sont bien loin du métier de professeur des écoles qui est quand même un métier stable. Vous vous demandez peut-être pourquoi je fais de l’anthropologie si je veux devenir professeur des écoles. Et bien, d’abord parce que cette discipline me passionne et ensuite parce que je pense que cela me donnera une réelle ouverture d’esprit et un autre regard sur mon métier et sur le monde.