Comme chaque matin, je lis les journaux et j’écoute les nouvelles. Mais ce jour là, c’est un viol dans le métro qui fait la une. Tragédie qui n’est pas une première.
Mais cet article est différent: il donne des détails intimes de l’agression (attouchements, fellation…). Bien sûr, ces informations ne sont pas gratuites, et elles ont un raison d’être car l’agresseur reconnait une partie des faits. Le journaliste ne fait que retracer ce dont l’homme se rend coupable.
Réflexions
Cette frontière entre l’information et le voyeurisme m’a déjà inquiétée, particulièrement lorsque je retraçais le vécu sensible de certaines personnes.
Dans les cours de journalisme, on nous dit de ne rapporter que les faits utiles. Mais quand bien même, ces derniers paraissent indécents par moment.
Il y a quelques mois, je travaillais un dossier sur les sectes. Un témoignage particulièrement intéressant, mais difficile, m’étais parvenu. Je crois que j’ai passé plus de temps à lutter contre moi-même pour ne pas tomber dans le voyeurisme, qu’à rédiger l’article.
Au final, ce dernier n’est pas paru: le fait de m’avoir parlé avait ravivé trop de souvenirs douloureux au témoin. Après discussion, il a été choisi d’enterrer l’article.
Cette subtilité dans l’information est un débat récurrent avec mes collègues à Reflet de Société. Au vu des témoignages parfois sensibles que nous retraçons, la «bonne» conduite est parfois difficile. Et lorsque je vois mes confrères, je me dis qu’à ce jour, personne n’a encore trouvé la formule magique.
Quant à vous, en tant que lecteur, vous êtes-vous déjà senti gêné par des informations que vous n’auriez pas dû avoir?