The Bug
Angels & Devils
(Ninja Tune)
Depuis maintenant plus de 20 ans, Kevin Martin aborde la musique sous ses diverses formes, qu’elles soient jazzcore, industrielle, grindcore, electro, dirty dancehall, metal, hip hop, trip hop, dubstep… sous autant de pseudos Techno Animal, Ice, GOD,Razor X, The Of The Golden Vampire, Pressure, Black Chow, King Midas Sound, que de collaborations : de Justin Broadrick en passant par John Zorn, Blixa Bargeld, Alec Empire, DJ Vadim, Dälek, Vast Aire, etc… Avec The Bug il oeuvre sur les cendres fumantes du dub. Un dub de laboratoire brulant la peau, enrobé de hip hop rageur et de sonorités urbaines post-apocalyptiques sur lesquelles viennent s’écraser des basses raggacore nourries aux hormones dustep, nettoyant tout sur leur passage. Avec son nouvel opus Angels & Devils, il repousse une fois encore les limites des genres, mélangeant à qui veut l’entendre, secousses trip hop radioactives sur la première moitié de l’album, élaborant des ambiances suspendues et minimales couronnées par les présences vocales de Gonjasufi (plus frappé que jamais), Liz Harris, Copeland (moitié de Hype William), Miss Red, pour nous faire plonger sans retenue, sur la deuxième partie de Angels & Devils, dans un enfer ardent aux pulsations cardiaques affolées et affolantes, où le monde entame sa décomposition inéluctable en mode accéléré, sur des rythmiques en roue libre au sommet desquelles Death Grips, Warrior Queen, Flowdan, Manga déchainent leurs flows hallucinés, appuyés par des synthés aux courbures expressionnistes assassines. A travers ses 12 tracks, The Bug s’approprie une partie de l’histoire de la musique pour l’impulser vers un futur aux frontières démolies. Un des albums de l’année. Magistral.
Roland Torres