La détresse d’un adulte face à l’un de ses parents malade est un thème qui a déjà été traité de nombreuses fois au cinéma. On peut citer Goodybye Lenin dans lequel un jeune allemand reconstruisait une RDA fictive pour éviter un choc brutal à sa mère sortie du coma après la chute du mur de Berlin, mais aussi le très beau Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé dans lequel Vincent Lindon assistait tant bien que mal sa mère condamnée par une maladie.
C'est aussi le cas avec le cinéma d'Amérique du Sud, urugayen exactement à travers le talentueux Rodrigo Pla, déjà auteur d'un film important, la Zona, qui se penche sur ce sujet douloureux avec un beau film La Demora, qui est sorti en DVD chez Epicentre films depuis le 1er juillet dernier, un film tendre et dur à la fois sur ce sujet délicat.
J'ai vu le film grâce à Cinétrafic et son opération un DVD contre une chronique, et si l'oeuvre n'atteint pas la puissance et l'émotion de ces oeuvres précédemment citées, La Demora reste un long métrage très interessant et parfaitement intègre dans son fond et dans sa forme, sur ce sujet aussi délicat qu'est le déclin face au vieillissement.
On apprécie particulièrement la justesse avec laquel Rodriguo Pla décrit ces liens entre Maria, cette femme partagée entre son amour paternel et sa lassitude de devoir tout porter à bout de bras et ce père qui ne se voit pas vraiment décliner mais dont la despérance nous touche en plein coeur.
La complicité entre les acteurs, Roxana Blanco, une grande actrice urugayenne dans le rôle de Maria et Carlos Vallarino, acteur non professionnel (dont le cinéaste nous parle de sa rencontre dans l'itw du bonus) , dans le rôle du père, est époustouflante de réalisme et de précision et on ne peut que s'attacher à ces deux personnages, perdus entre fatalité, ras le bol et confiance réciproque.
On regrette toutefois une trop grande retenue dans la mise en scène. Cette sobriété maximum, qui s'illustre par des longs plans larges presque immobiles s'accorde certes totalement au détachement du personnage de Maria , mais en même temps, elle a tendance à mettre trop à distance l'émotion et à ne pas toujours cadrer avec l'ambiance nocturne et urbaine du film.
Malgré ces réserves, le film, jamais racoleur, reste d'excellente qualité et est à conseiller pour tous les cinéphiles qui apprécient les oeuvres certes sombres et exigentes mais profondes et sincères.
La Demora (Le retard) Bande-annonce
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