La rumeur couvait depuis un moment, notamment à l'occasion d'une levée de fonds opérée au début de l'été, l'expansion internationale de Moven est désormais confirmée : le trublion de la banque apporte sa technologie à la branche néo-zélandaise de Westpac, avant l'annonce imminente d'un autre partenariat, au Canada.
Dès le mois d'octobre, de nouveaux services de gestion de finances personnelles commenceront donc à faire leur apparition dans l'application mobile de l'établissement, tandis que son site web devrait en bénéficier à compter du début de 2015, le temps pour Moven de réaliser les adaptations nécessaires. Toute l'originalité de l'offre de la startup se retrouvera progressivement sous les couleurs de Westpac : les notifications d'achats et autres alertes en temps réel, la catégorisation automatique des transactions, le suivi visuel des dépenses par rapport aux moyennes du passé…
Pour la banque, ce partenariat est une extraordinaire occasion de profiter d'une expertise sans égale et de se positionner en leader d'une vision différente de son métier, focalisée sur la transparence, l'immédiateté et le conseil aux clients. Sans aller jusqu'au concept d'« assistant shopping » que j'évoquais récemment, les outils proposés permettront à leurs utilisateurs de savoir instantanément s'ils ont les moyens de s'offrir l'objet de leurs désirs ou s'ils se sont mis dans une situation difficile à la suite d'un achat inconsidéré.
Du côté de Moven, en revanche, c'est une nouvelle orientation qui se dessine. En effet, la société s'éloigne de son approche initiale de banque disruptive – même si celle-ci était exclusivement centrée sur l'expérience client – et devient, en quelque sorte, fournisseur de plate-forme de PFM (gestion de finances personnelles). Quelle que soit la valeur de cette dernière, elle arrive sur un marché encombré et va nécessairement être limitée dans ses ambitions, par les contraintes des systèmes informatiques avec lesquels elle devra s'intégrer dans les institutions financières qui l'adopteront.
Il est à craindre que cette stratégie ne marque un ralentissement (sinon la fin) de l'innovation dans la jeune entreprise, puisqu'elle devra consacrer une part significative de son énergie et de ses ressources à adapter son offre aux exigences de ses clients et accepter que ceux-ci fonctionnent à un rythme plus lent et sur un horizon temporel plus lointain que le sien propre. Il s'agit probablement, hélas, d'un retour aux réalités d'une nécessaire (future) rentabilité économique. Simple y a fait face en s'adossant à un acteur historique, Moven choisit de changer de modèle. Il n'est décidément pas facile de créer une « autre » banque…