D'un point de vue bêtement mâle, le premier plan d'U.V. est de loin le plus intéressant du film. On y voit Anne Caillon et Laura Smet se faire dorer la pilule topless. La suite est immédiatement moins réjouissante : dès les premières minutes, on sent que les intentions de Gilles Paquet-Brenner sont biaisées. Son but premier n'est pas de mystifier le spectateur, d'installer une ambiance hypnotique et moite pour mieux le cueillir ensuite. Non, Paquet-Brenner souhaite visiblement passer à la postérité en réalisant un film que l'on puisse comparer à des classiques comme La piscine ou Plein soleil. Peine perdue : U.V. dévoile bien vite ses limites, son aspect artificel prenant le pas sur une éventuelle montée en puissance de l'intrigue.
En à peine un quart d'heure, le spectateur a donc compris qu'il ne devait rien attendre de ce soufflé bien mal monté, et à la conclusion forcément décevante. La mise en scène n'étant qu'une pâle copie de celles de René Clément ou Jacques Deray, reste donc à se rabattre sur les comédiens. Si Jacques Dutronc est (comme souvent) impeccable, c'est surtout le duo Smet-Caillon qui fait des étincelles. Ces deux-là forment un parfait couple de femmes fatales, à la fois belles à regarder et délicieusement vénéneuses. On ne peut en dire autant des jeunes messieurs qui les entourent : Pascal Elbé est trop jeune et trop agité pour son rôle de vieux con, et Nicolas Cazalé (pièce maîtresse de l'intrigue, l'inconnu qui débarque et chamboule tout) ne possède pas cette facette sombre et inquiétante qui aurait pu donner du relief à son personnage. Tout cela démontre bien l'immaturité de Gilles Paquet-Brenner, réalisateur opportuniste qui aurait bien voulu avoir l'air d'un auteur entre deux épisodes de Gomez & Tavarès.
3/10