You’re the Worst // Saison 1. Episodes 4 et 5. What Normal People Do / Sunday Funday.
Malgré tout ce qu’elle peut parfois être de médiocre, You’re the Worst n’est pas une mauvaise idée. Je dois avouer que je ne m’attendais pas nécessairement à ce que la série évolue dans cette direction mais « What Normal People Do » était en tout cas un solide épisode de la série. C’est en tout cas le meilleur épisode de You’re the Worst jusque là (même devant « Sunday Funday » qui était lui aussi pourtant très bon). Mais disons que ce qui rend cet épisode réellement intéressant c’est que tous les personnages servent le récit et apprennent quelque chose de ce récit. Gretchen va notamment apprendre à accepter sa relation avec Jimmy et tout ce que cela implique réellement. D’ailleurs, la relation de ces deux personnages fonctionne tellement bien que l’on n’a pas forcément envie de les voir se séparer. Bien que cela soit inéluctable pour les deux héros de la série. Peu importe, de toute façon le point de vue des deux est intéressant et creuse aussi l’aspect plus sentimental de cette comédie. Après tout, c’est une comédie un peu foutraque par moment mais elle sait aussi se canaliser quand elle le veut bien. L’épisode permet aussi à Edgar d’apprendre qu’il est sous contrôle par rapport à Lindsay.
D’ailleurs, la relation entre Edgar et Lindsay est peut-être encore plus intéressant que celle de Gretchen et Jimmy dans cet épisode alors que les deux personnages apprennent à vivre avec leurs défauts. Et puis il y a Jimmy. Ce dernier est quelqu’un que j’ai parfois un peu de mal à cerner et You’re the Worst a énormément de mal à savoir quoi réellement faire de lui. Tout cela ne se fait pourtant pas dans un bordel absolu. Bien au contraire, l’épisode parvient à garder le cap jusqu’au bout (et notamment jusqu’à cette dernière scène plutôt étrange mais efficace). Le but de cet épisode est de transformer les bons sentiments dont on se moque légèrement en quelque chose d’un peu plus honnête avec bien évidemment ce qu’il faut de débilités. Il y a tout ce qui touche à Sam et Gretchen par exemple. Une histoire plutôt cocasse, surtout que cela permet encore une fois de faire le rapport entre You’re the Worst et le sexe. Un rapport très fort comme on peut le voir depuis le début de la série et cette rapide scène de sexe. Mais le sexe n’est pas une finalité en soi. Bien au contraire (et heureusement). Le but de cette série est d’aller bien plus loin.
Et elle creuse donc au travers de ses dialogues, de ses intrigues, de ses personnages et de ses sentiments tout ce qui pourraient justement ne pas donner l’impression que You’re the Worst est une série qui parle de relations sexuelles entre deux êtres qui n’ont pas envie de finir enfermés dans une relation amoureuse. L’écriture de la série est fluide, comme toujours mais dans cet épisode elle l’est encore plus. Une fois l’épisode terminé on a même envie d’en voir beaucoup plus (et le résultat sera de regarder « Sunday Funday » bien entendu). Ensuite nous avons Edgar qui n’est pas très heureux dans sa vie et il a toutes les raisons qu’il faut pour ne pas être heureux dans sa vie. De toute façon peu importe, le but de You’re the Worst n’est pas non plus que de nous raconter des choses heureuses sur la vie de tout le monde. Bien au contraire, les choses malheureuses sont parfois tout aussi sympathiques. Peut-être que l’erreur parfois est de ne pas se concentrer suffisamment sur Gretchen et Jimmy mais dans un sens je peux le comprendre puisque cela sera aussi trop en dire sur eux et ne plus avoir grand chose à raconter par la suite. Pour ce qui est de « Sunday Funday », l’épisode est lui aussi plutôt bon dans son ensemble.
Disons que le spectacle est au rendez-vous, que l’humour et les sentiments sont eux aussi présents. En somme, il y a tout ce que j’avais pu apprécier dans l’épisode précédent dans celui-ci. Jimmy va passer le plus clair de son temps dans cet épisode de You’re the Worst à faire en sorte que Gretchen choisisse entre Gabriel et Collins, entre les pancakes et les oeufs, entre Sean Connery et Roger Moore, etc. Le petit débat James Bond était assez jouissif, je dois l’avouer, surtout que cela nous amène très rapidement à une furtive blague sur Daniel Craig (le pauvre, il n’en a pas finit avec ça je crois). Mais ce que j’aime chez Gretchen c’est le fait qu’elle ne pense pas que le choix définisse quelqu’un. Bien au contraire, elle part plus ou moins du principe qu’il n’y a pas besoin de choisir. Et après tout, pourquoi pas. Toute l’histoire de Ty par exemple engage une nouvelle façon de mettre en péril la relation entre Gretchen et Jimmy. En effet, Ty, ce réalisateur qui couche occasionnellement avec Gretchen invite cette dernière à passer quelques temps au Tribeca Film Festival afin de l’accompagner. Mais elle n’a pas forcément envie d’y aller, uniquement car il y a un truc chez Jimmy qui la retient.
C’est peut-être tout ce qu’elle voulait renier au premier abord : la notion de futur. Comme dans un couple. Mais cet épisode de You’re the Worst ce n’est pas sur oui ou non Gretchen et Jimmy vont se séparer si Gretchen va avec Ty à New York. Non, le créateur de la série est bien plus malin. Il cherche justement à créer des doutes chez les personnages afin de creuser leur histoire. Gretchen a besoin que Jimmy lui dise tout simplement qu’il a envie qu’elle reste et Jimmy veut que Gretchen lui demande s’il a envie qu’elle reste. Au fond, les deux personnages sont coincés. Mais finalement les tensions sont mises en scène de façon originale et efficace. On ne pouvait pas mieux demander de la part de You’re the Worst et j’ai maintenant un peu plus hâte de voir la suite de la saison, tout simplement.
Note : 10/10 et 8/10. En bref, deux très bons épisodes de You’re the Worst.