Aujourd’hui j’aimerais traduire un article de Len Schlesinger et Charlie Kiefer paru dans la Harvard Business Review sur comment entretenir l’esprit entrepreneurial en entreprise :
« Nous travaillons souvent avec des membres de grandes entreprises qui se posent des questions sur comment être plus innovants et entrepreneurial. Dans presque chacun des cas nous entendons quelque chose comme cela :
« J’ai l’idée d’un nouveau produit (ou process, programme, système, etc.). Je ne suis pas sûr qu’il puisse être développé mais si on pouvait le mettre en marche je suis sûr qu’il pourrait avoir un impact significatif sur les affaires. Ca ne relève pas de ma fiche de poste et je n’aimerais pas me mettre ou mettre l’entreprise en danger mais cela serait vraiment dommage de ne pas essayer. Comment puis-je m’y prendre dans une entreprise aux pratiques relativement traditionnelles ? »
Nous en sommes venus à appeler ce type de managers des « entrepreneurs de l’intérieur » parce que, bien qu’ils travaillent dans un contexte très organisé, comme des entrepreneurs, ils ont des idées qui pourraient renverser l’ordre établi. Et comme des entrepreneurs, ces intrapreneurs doivent faire face à de nombreux risques, même si la plupart des grandes entreprises encouragent davantage d’innovation, de créativité et d’esprit entrepreneurial chez leurs employés.
Pour aider ces entreprises, de nombreux experts ont créé très rapidement des outils de diagnostic et des méthodologies organisationnelles pour encourager ce type de comportements. Jennifer Prosek recense nombre de ces approches dans Army of Entrepreneurs. Cependant nous ne voyons pas de changement significatif dans ce domaine. 85 % des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête d’Accenture affirment que « les idées des employés sont plutôt orientées vers des améliorations internes qu’externes ». En fait, selon Richard Foster, professeur à Yale, la durée de vie moyenne d’une entreprise de plus de 500 employés à tendance à diminuer en passant de 67 années de vie dans les années 1920 à 15 années de nos jours. De même, les idées qui ont changé le monde issues de ces entreprises a considérablement diminué aussi.
Ainsi, comment les entreprises peuvent-elles obtenir un comportement plus entrepreneurial de leurs employés et peuvent-elles les faire agir comme des entrepreneurs devant une nouvelle idée tout en minimisant les risques tant pour eux que pour leur entreprise ?
À ce dessein et en nous appuyant sur des études aussi bien sur les entrepreneurs que sur les intrapreneurs, nous avons mis en place quatre étapes pour encourager les comportements entrepreneuriaux dans vos entreprises.
Ces étapes permettent en effet aux intrapreneurs d’avoir plus d’opportunités de tester et mettre en marche des idées et, par extension, d’augmenter les chances d’amélioration dans l’entreprise.
Tout commence par le désir. Si vous voulez faire des efforts pour améliorer la compétitivité de votre organisation, vous devez le vouloir. Sans motivation personnelle aucun effort, aussi petit soit-il, n’aura de chance d’aboutir. Si vous ne vous souciez pas assez de votre idée, arrêtez de gaspiller votre temps ainsi que celui des autres avec une idée que vous ne mènerez jamais à bout.
Après cela demandez-vous : « À quel investissement personnel suis-je prêt pour mettre en place la première étape ? » Les entrepreneurs qui ont du succès ne se demandent pas ce que seront les gains qu’ils génèreront de leurs efforts mais plutôt : « Que puis-je me permettre de perdre ? » si l’étape suivante n’est pas aussi fructueuse que prévu. En regard à l’incertitude inhérente à leur travail, le modèle de « pertes acceptables » représente un contre-pied très puissant au « retour sur investissement » qui arrête tout effort avant même d’avoir commencé.
Les entrepreneurs au sens classique du terme mettent au même niveau l’argent, le temps, les coûts d’opportunité, etc., que l’intensité de leur désir pour déterminer si oui ou non ils mettent en route la première étape. C’est différent pour les entrepreneurs en entreprise pour lesquels l’investissement principal (et risque principal) est leur position sociale au sein de l’entreprise. Leurs pairs et leurs managers immédiats deviennent ceux qui permettent ou non la mise en place de la première étape. Nous en sommes arrivés à poser la question des risques relatifs au capital social de l’intrapreneur au sein de son organisation au même titre que les risques financiers de l’entrepreneur classique.
On se pose ensuite la question : « Qui puis-je associer à mon projet ? » Les entrepreneurs externes font constamment des partenariats pour avoir des ressources gratuites ou moins chères. Les intrapreneurs doivent faire la même chose mais ils doivent également rechercher des pairs et des managers qui les soutiennent pour avoir un environnement solide pour développer leur idée. Ce réseau interne consiste à la fois en un soutien émotionnel et en un soutien physique.
Maintenant il est temps d’agir. Restez ouvert à ce qui survient et construisez immédiatement l’étape suivante en vous appuyant sur ce que vous avez appris et sur les résultats que vous venez d’obtenir. Le cycle « Agir-Apprendre-Construire » est une recette sûre et qui a fait ses preuves. Elle permet en effet de prendre l’habitude d’agir en prenant le minimum de risques et en utilisant les moyens et le réseau à portée de main. Trop planifier ou trop penser est loin d’être aussi efficace. Les entrepreneurs sont souvent aidés par des venture capitalists. Les intrapreneurs, à l’inverse, doivent apprendre de leurs actions et se construire des soutiens pour l’avenir.
Ces simples étapes ont fonctionné pour les autres et pour de nombreuses personnes que nous avons aidées à l’intérieur des entreprises et devraient vous aider à vous poser les questions qui vous permettront de bien commencer. »