![L'avocat terreur](http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/rsz/434/x/x/x/medias/nmedia/18/64/27/05/18766714.jpg)
Schroeder choisit d'abord de faire connaissance avec Vergès ; il le filme en plan fixe, grand angle, et le laisse faire le spectacle. Cette première partie est passionnante : à travers ses rapports avec les Khmers rouges et avec des poseuses de bombes algériennes, l'avocat montre une capacité de réflexion qui occulte tous les schémas de pensée préfabriqués. Pas étonnant qu'il soit un avocat si doué : on a beau connaître ses talents de manipulateur, il parvient souvent à nous faire tomber dans une hypnose pour le moins dangereuse. Pour un peu, on finirait par adhérer à ses propos parfois très borderline. Mais à condition de garder sa conscience en éveil, le portrait est remarquable.
Puis arrive le moment où Schroeder choisit de casser un peu cette routine si délectable : après avoir exposé la disparition mystère de Vergès (de 1970 à 1978, il s'est évaporé, sans jamais révéler pourquoi), il s'éloigne peu à peu de lui, comme pour éviter d'être lui-même manipulé par l'avocat. La deuxième heure est alors moins charmante : l'enquête sur les liens de Vergès avec Carlos et Klaus Barbie a beau être documentée et bien construite, elle flirte sans cesse avec le hors-sujet. De quoi trouver le temps un peu long en fin de course : mais parce qu'il n'y a rien de plus stimulant au cinéma que les personnages ambigus, il faut voir cet Avocat de la terreur, documentaire tout sauf tiède marqué du sceau de l'intelligence.
7/10