Après avoir passé presque 3 semaines coupée du monde, on en a profité pour se replonger dans un album qui marqua un tournant dans la carrière d’un certain Damien Saez. Cet album, c’est Debbie, sorti il y a 10 ans presque jours pour jours (31 août 2004).
Le Saez s’est fait connaître avec un album, Jours Etranges, et surtout un tube un peu naïf mais efficace, Jeune et Con, que la génération teenager de l’époque s’est appropriée sans difficulté. Jours Etranges est sans doute l’album qu’on a le plus écouté de notre vie, pour être honnête, même si désormais on a du mal à adhérer à ses différents messages maintenant qu’on a pris 15 ans dans la gueule. S’en est suivi la sortie du double album ambitieux God Blesse/Katagena qu’on a aimé encore plus que Jours Etranges, surtout Katagena avec ses morceaux de 15 minutes avec piano et violons. Damien Saez commence à prouver qu’il n’est pas que l’auteur de Jeune et Con.
Il enfoncera le clou avec la sortie de Debbie. Trois albums en quelques années, et aucun ne se ressemble vraiment. Le caméléon musical se fait plaisir et là encore, il a pris des années de plus, a mûri et livre donc un disque qui selon nous, fait date dans sa discographie prolifique. Avec ce troisième album, Saez n’y va pas par quatre chemins. L’ouverture du disque par Debbie, ses cuivres et son refrain percutant en est la preuve. Mais pas seulement, puisque les textes sont peaufinés et beaucoup plus poétiques et profonds que ce qu’on pouvait entendre dans les albums précédents. Saez impose véritablement sa patte avec ce disque. Ça sonne peut-être plus Noir Désir dans certains morceaux, voire certaines paroles, mais en même temps, Saez est assez malin pour que cela reste du Saez. Bref, il affine son style.
Debbie est un album homogène et en même temps varié, oscillant entre sueur et noirceur. Il n’y a aucune mauvaise chanson, ou du moins, on les aime toutes au même niveau. L’atmosphère qui s’en dégage est sombre (évidemment, ça reste Saez !), mais aussi plus « aérienne » (si tant est que ça veuille dire quelque chose). Céleste, J’hallucine ou Marta peuvent en être une très bonne illustration. Tandis que Marie ou Marilyn, Autour de moi les fous ou Comme une Ombre, rappellent les racines rock de Saez.
Et puis il y a ce final absolument magique, avec Tu Y Crois, sans doute une de nos chansons préférées tout album confondu. Si la douleur transpire du morceau avec sa contrebasse acérée, on sent à la fin une sorte d’ouverture moins fataliste. Pas étonnant que le morceau caché en japonais, parle de printemps (sakura). Une lueur au fond du tunnel.
On aime, ou on n’aime pas, Saez ne laisse jamais indifférent. Mais il reste à part dans la scène française actuelle. Si tous ses albums ne sont pas toujours aussi réussis que Debbie, on ne peut pas enlever à Damien Saez un certain talent pour créer une ambiance mélodique imparable. Sans jamais faire de concession. Jamais.
10 ans après, on ne se lasse pas de Debbie et cet album vieillit avec grâce, année après année, en faisant un incontournable trop méconnu à voir figurer dans toutes les discographies parfaites.