Dimanche 24 août 2014, deux ministres, et pas des moindres, ont joué aux rebelles quelque part en France. François Hollande revenait d'une tournée dans l'Océan indien. Montebourg et Hamon, les deux coupables de cette incartade, l'attendaient le pied ferme. Après la sortie de Cécile Duflot, ex-ministre, la contestation était au coeur du pouvoir.
Les journalistes se frottaient les mains.
L'autre politique
Observons la "gauche", c'est-à-dire du côté de celles et ceux qui ont voté contre l'ancien monarque mais aussi pour une autre politique sociale, sociétale et économique. Dans son édition de vendredi 22 août, l'hebdomadaire Marianne laisse la parole à quelques-uns. Une autre politique serait possible.
En fait, en l'état, la réponse est négative. Il y avait plutôt plusieurs propositions, parfois irréconciliables, parfois convergentes.
En vrac,
- Rééchelonner le remboursement de la dette publique.
- Soutenir la demande, en France comme ailleurs en Europe, qui est une urgence, et la préoccupation principale des entreprises qui peinent à cause d'une consommation atone.
- Forcer les ménages aisés à emprunter pour financer l'Etat plutôt que placer ailleurs ou épargner.
- Subventionner la transition énergétique pour qu'elle soit plus intensive en créations d'emploi.
- Soutenir l'investissement et la construction.
- Concentrer les réductions de charges sociales sur les activités délocalisables.
- Sortir de l'euro pour préférer une monnaie commune.
François Hollande réclame au contraire un temps que la politique n'a pas. On cherche d'ailleurs les raisons pour lesquelles les deux premières années n'auraient pas réussi à produire le moindre résultat. Il ne s'agissait pas de tout résoudre, mais au moins de ne pas dégrader. Il y a 6 mois, quelques 7 milliards d'euros de crédit d'impôt compétitivité ont été reversés aux entreprises, sans le moindre effet sur les embauches ni l'investissement.
Dimanche 24 août 2014, l'équipe Hollande a encore subi un choc. Deux ministres d'Etat, et non des moindres, ont ouvertement critiqué la politique du gouvernement auquel ils appartiennent, "en toute loyauté".
On croit rêver.
Quand vont-ils démissionner ?
A Matignon, on enrage. "Une ligne jaune a été franchie" prévient-on, anonymement. Manuel Valls avait déjà mal digéré. Qu'ont-ils dit de si grave ? A Frangy-en-Bresse, Hamon a prévenu:
"On peut avoir un avis, une conviction, l’exprimer et être loyal ". Dans les colonnes du Monde du même jour, Arnaud Montebourg a repris son argumentaire anti-Merkel, contre "la droite allemande". Mais pas seulement...
"La réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique, car elle aggrave le chômage, une absurdité financière, car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics, et un sinistre politique, car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes."Dans les colonnes du Parisien, Benoit Hamon, invité d'honneur de Montebourg à sa fête de Frangy-en-Bresse, en rajoute une couche: "On n'est pas loin des frondeurs...". Pire, il ajoute: "On va le dire plus fort". Il complète: "La relance de la demande est la condition de la réussite de la politique de l'offre qui a été faite depuis deux ans. On ne peut rien vendre aux Français s'ils n'ont pas des revenus suffisants." Des propos en contradiction - l'expression est faible - avec la politique de l'offre réitérée par Hollande quelques jours auparavant.
De deux choses l'une: soit les deux ministres envisagent véritablement la rupture; soit il ne s'agissait que d'un gros clin d'oeil conciliant pour calmer les remous au sein de l'étroite majorité socialiste.
A bon entendeur...
Quand @CecileDuflot dit qu’on va dans le mur, c’est une écologiste inconséquente. Quand c’est @montebourg et @benoithamon , on dit quoi ?
— Juan (@Sarkofrance) August 24, 2014