Il y a de cela deux ans, j’ai partagé sur Google+ la photo d’une jeune femme qui a été prise par le photographe jonquiérois Jean-Michel Decoste que j’apprécie particulièrement. J’étais devenu « ami » Facebook avec elle par la suite. Une personne a laissé un commentaire sur cette photo disant « Elle est décédée il y a six jours ». Même si je ne la connaissais que virtuellement, cette nouvelle m’a inspiré cet article.
Je devais vivre sur une autre planète la semaine dernière. La nouvelle a fait le tour des médias régionaux et nationaux. Et pourtant…
Je ne connaissais pas personnellement Kathleen. Je ne l’avais d’ailleurs jamais rencontrée en personne. Enfin, je suis peut-être passé à côté d’elle au Zoo de Saint-David de Falardeau cet été où elle travaillait, sans vraiment la voir. On s’échangeait parfois quelques mots sur Facebook, comme cela, à tout hasard. Apprendre son décès (ironiquement sur un autre réseau que Facebook) ne m’a pas laissé indifférent. Disons que cela a plutôt suscité chez moi du questionnement au sujet de notre vie sur les réseaux sociaux après notre décès.
Lorsque j’ai lu le commentaire laissé sur sa photo que j’avais partagé sur Google+, je suis allé consulter son profil Facebook par curiosité. Son dernier message a été écrit le 14 août, soit la veille de son décès. Il disait ceci :
« Déjà 6 mois avec mon Buck jtm Bb !!!XxxX c’est juste le début… ».
Le message était accompagné d’une photo de son conjoint. Celui-là même qui était au volant, en état d’ébriété, de la jeep qui aura causé la mort de Kathleen. Je ne connais pas l’individu qui, semble-t-il, a des antécédents en la matière (alcool au volant). Je ne peux pas le juger. Ce n’est d’ailleurs pas le but de cet article puisque c’est un tout autre débat. D’ailleurs, il semble que le lieu de l’accident était dangereux et à risques. Aussi, Kathleen n’était-elle pas consciente de l’état de son conjoint avant d’embarquer dans le véhicule avec lui et de s’aventurer à cet endroit ?
Facebook devenu le sanctuaire des amis et de la famille
Le terme sanctuaire est bien grand pour être utilisé lorsqu’on parle d’un réseau social sur Internet. Mais en consultant le profil Facebook de Kathleen, j’ai eu l’impression d’être dans un lieu sacré, comme dans une maison funéraire où est exposé devant nous le corps inerte de la personne que l’on connaissait et que l’on aimait.
De nombreuses personnes publient des témoignages, anecdotes et mots de sympathies envers la famille. Certaines publient même une photo souvenir où elles étaient accompagnées de Kathleen. D’autres ont peine à réaliser que leur amie les a quittés subitement et lui écrivent comme si elle était toujours en vie. Tout cela est étrange. Je crois que ce sont ces statuts Facebook qui m’ont fait le plus réfléchir et qui m’ont donné l’idée de cet article.
On ne pense pas toujours à la mort, à notre propre mort. On ne pense pas toujours également à ce qu’il adviendra alors de notre vie numérique si présente avant notre décès. Facebook peut-il devenir notre « mémorial », un sanctuaire pour nos proches endeuillés par notre départ ? Après tout, nous avons laissé dans cet espace virtuel tant de traces de notre passé, tant de passages de notre vie. Entre virtualité et réalité, les réseaux sociaux nous rapprochent humainement peut-être plus que nous le croyons.
Lire tous ces messages sur le compte Facebook de Kathleen, j’ai trouvé cela quelque peu morbide. Mais j’ai aussi senti faire partie d’une sorte de rituel et d’un moment de recueillement et de réflexion qui a, somme toute, fait du bien.
Kathleen Haché laisse dans le deuil, entre autres, sa petite fille de 3 ans. Je tiens à souhaiter mes plus sincères condoléances à sa famille, mais aussi à ses amis, qu’ils soient virtuels ou bien réels.
En lien avec le sujet de cet article, Facebook permet de transformer le compte d’une personne décédée en compte de commémoration : https://www.facebook.com/help/103897939701143
Ci-dessous, la photo prise par Jean-Michel Decoste (un photographe talentueux du Saguenay-Lac-Saint-Jean) que j’avais partagée sur Google+ :