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Year book

Publié le 24 août 2014 par Pomdepin @pom2pin

L’Ado (oui, encore lui…il va falloir que je fasse un billet avec uniquement les autres, ils vont être jaloux à force) n’a pas seulement récupéré ses notes au collège cette semaine. Il a aussi reçu son Year book. Un espèce de trombinoscope, avec 180 gamins boutonneux, engoncés dans leurs uniformes plus ou moins de travers. Les filles avec des choucroutes compliquées et du maquillage à la truelle, les garçons avec des airs cools savamment travaillés devant la glace pendant des heures. Il y a aussi des photos de groupe retraçant leurs années de collège: une sortie à la plage, une visite à Londres, la science fair, un spectacle musical, une fête de Noël, la prom night bien sur. Les performances sportives et culturelles sont célébrées. L’Ado figure en bonne place dans l’équipe de rugby, et avec une victoire à une compétition de nouvelles.

Ce n’est pas comme dans les films américains, on ne vote pas pour la personne la plus à même de devenir clown ou astronaute, et on ne fait pas signer le Year book non plus. C’est dommage d’ailleurs. Parce que la tradition ici c’est de faire signer sa chemise d’uniforme. Comme L’Ado était prefect, il connaissait tout le monde. Il y est allé avec deux chemises, pour être sûr de récupérer le plus d’autographes possibles. On se retrouve avec deux torchons infâmes griffonnés de partout…interdiction d’y toucher, ou de les prendre en photo (comme le Year book d’ailleurs, d’où la photo qui vient des archives d’une école canadienne).

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Mon grand fait son blasé, émet juste de vagues grognements préhistoriques quand je lui demande ce qu’il va faire de ses souvenirs. Mais il les a rangé dans sa bibliothèque. Le simple fait de retrouver le Year book sur une étagère, et pas sous le lit, entre une chaussette sale et le trognon de pomme du casse-croute de la nuit dernière, prouve à quel point il y tient. Il a aussi la photo de l’équipe de foot du primaire, signée par son instit de l’ époque. Pré-Ado garde précieusement les photos de sa leavers assembly, quand il a quitté le primaire. Il a aussi fait signer son polo l’année dernière en quittant la primary School. Il a des petits mots des instits, de la directrice, une vidéo d’un spectacle de fin d’année…l’air de rien, je les encourage à soigner leurs souvenirs. J’ai juré à Pré Ado qu’il serait ravi de retrouver tout ça quand il sera grand. Ça n’existait pas quand j’étais petite en France, on avait juste une photo de classe. Je me dis que mes enfants ont de la chance d’avoir tous ces souvenirs….ou pas.

Est-ce qu’on veut vraiment garder une mémoire fidèle du collège? Ces années d’adolescence où l’on est coincé, boutonneux, terrifié, égoïste, stressé et stressant, pathologiquement timide ou ridiculement extraverti? Il en reste quoi à l’âge adulte? Ne vaut-il pas mieux une vague mémoire déformée que la réalité de ce qui ne fut pas forcément une partie de plaisir? Les mauvais souvenirs sont sûrement exagérés, mais ils m’ont servi à me construire (par exemple, je ne porterai jamais plus de leggings roses fluo et de boucles d’oreille perroquet en plastique rouge et vert. J’estime que c’est une bonne chose), et les bons sont sûrement enjolivés par le temps aussi, pourquoi vouloir les ramener à leur réalité, forcément plus terne?

Je préfère largement ma vie d’adulte à mon adolescence pataude, maladroite et mal dans ma peau. Finalement, je ne suis pas sûre que j’aurais apprécié un Year book…


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