Le temps de récupérer des (légères) fatigues du voyage, de boucler les articles les plus urgents pour Wider (le numéro 18 sortira à la rentrée) et Nature en France, et me voilà à nouveau devant mon écran à regarder et surtout trier les photos réalisées là-bas. Déjà de bons souvenirs de ce séjour riche en découverte et placé sous le signe d'un bon accueil qui m'a vraiment fait plaisir.
Skopje, capitale en travaux!
C'est donc à Skopje, la capitale de cette jeune république, que j'ai débuté mon périple. La ville est grande pour l'échelle du pays: 800 000 habitants à peu près, ce qui représente près d'un tiers de la population globale. Autant dire que les autres villes sont de tailles modestes (la seconde, Bitola, compte environ 100000 âmes) et que l'ensemble du pays m'a plutôt paru être "à la campagne", entre vallées cultivées et moyenne montagne où il fait vraiment bon se promener!
Skopje, je conseillerai d'y rester une journée, surtout pour prendre le pouls du pays et se mettre dans l'ambiance. On y ressent vite l'aspect "macédoine" de la Macédoine: les différentes influences culturelles subies ou vécues par le pays au fil des derniers siècles reste présent dans l'ancien bazar: les boutiques turques côtoient les étoffes albanaises et les restaurants macédoniens. Tout cela a l'air de bien se passer aujourd'hui, mais comme on peut le voir dans le très détaillé (et tout de même assez étrange pour un petit français: effigie de cire réalistes montrant les scènes les plus emblématiques des différents courant révolutionnaires macédoniens et terribles tableaux de type "réalisme soviétique" reprenant les même épisodes) musée historique, l'histoire des deux derniers siècles dans la région fut plus que dramatique, entre révolutions (contre l'empire Ottoman tout d'abords) et contre-révolutions.
Skopje, c'est aussi une ville en restructuration: si les vestiges historiques sont assez limités, notamment à cause des différentes catastrophes subies par la cité dont le dernier terrible tremblement de terre de 1963 qui avait détruit les deux tiers de la ville. Mais cette reconstruction va au-delà: c'est aussi, pour le gouvernement actuel, une volonté d'affirmer l'identité nationale: d'immenses fontaines monumentales, ornées de statues réalistes représentant notamment Alexandre le grand, Philippe de Macédoine (son père, à moins qu'il ne s'agisse de Zeus...) et quelques autres figures antiques. Je vous laisse le soin de décider de la réussite esthétique de l'opération. Les débats vont bon train à Skopje, entre sommet du kitsh et affirmation d'une certaine modernité dans un passé réapproprié.
Mais Skopje, comme le reste du pays, se caractérise aussi par sa proximité avec la nature et la montagne d'altitude moyenne. Quelques kilomètres suffisent pour accéder aux pentes, notamment le mont qui accueille en son sommet, depuis 2011 seulement, la Millenium Cross, nouvel emblème de la ville, qui domine la vallée. On peut y accéder à pied ou même en téléphérique.
J'étais tout de même venu en Macédoine dans un but précis: écrire des reportages axés sur les possibilités de randonnées, trekking et activités outdoor dans ce pays de montagnes et de lacs. Donc après une journée presque ubaine, il était logique de me diriger vers les montagnes!
Parcs nationaux et montagnes préservées.
Or des montagnes, on ne peut pas dire que cela soit une denrée rare dans ce pays des Balkans. Elles ne sont certes pas très hautes (2700 m environ pour les plus hautes, tout de même) et se prêtent donc mieux au trekking et à la randonnée qu'à l'alpinisme. L'hiver, on peut y pratiquer le ski de randonnée et on compte tout de même quelques stations de ski alpin et même quelques pistes de ski nordique. Mais bon, bien entendu, mon intention était surtout de découvrir les possibilités en terme de balades à pied, en marchant et en trottinant! Le seul petit souci du voyage fut d'ailleurs celui là: il semble que malgré ma demande assez précise et le relais de l'agence de relation presse en France, ma demande d'un voyage axé sur cet aspect n'est pas été totalement comprise! Heureusement, ma guide, d'abords un peu interloquée, ne sachant visiblement pas qu'on puisse s'intéresser à ce genre de choses ni qu'elles puissent présenter un réel potentiel touristique, et mon chauffeur, se sont vite adaptés à mes exigences et nous avons légèrement adapté le programme (très dense) de visites purement touristiques et culturelles pour me permettre d'aller crapahuter un peu! La présence de guides spécialisés dans les trois parcs nationaux à nos côtés me paraissait ainsi justifié! (au départ, il semblait juste prévu qu'ils me montrent les chemins sur une carte ou un panneau et quelques points de vue en voiture... J'étais je pense le premier journaliste à venir ici dans le but de parler spécialement des activités outdoor, ce qui explique ce petit cafouillage. Mais tout s'est finalement très bien résolu, et j'ai pu avoir un bon aperçu de ce potentiel, en même temps qu'une belle découverte du pays et de sa culture, je pense!). J'ai donc marché et couru (car il fallait parfois faire vite pour enchaîner les visites et les régions; la Macédoine n'est pas grande mais en faire le tour complet en une semaine n'est tout de même pas de tout repos!) dans les trois parcs nationaux et sur quelques autres massifs. Avec un grand plaisir de fouler une montagne préservée et accueillante, délivrant aussi de beaux panoramas.
Mavrovo, Galichica et Pelister.
Le premier parc que j'ai découvert a été Mavrovo. Vaste espace de 73000 hectares comprenant un large lac artificiel et de belles montagnes recouvertes jusqu'à 1800 mètres d'altitude d'une forêt assez dense, où poussent de nombreuses espèces endémiques, le parc offre de belles possibilités de randonnée à pied ou en vélo. Certains itinéraires sont balisés, d'autres non. J'y ai effectué avec mon guide du jour, Dragan, une belle balade, hors sentiers balisés, qui avait pour destination un petit sommet à plus de 2200 mètres d'altitude d'où l'on pouvait admirer un large panorama sur plusieurs massifs et sur la vallée: la massif de Debar, avec la frontière albanaise, droit devant, sur la droite le plus haut sommet de Macédoine, le Mont Korab. Au pied de ces vastes étendues, de petits villages bien calmes, comme celui où j'avais dormi la veille, et quelques monastères perchés dans les pentes, dont celui de St Jovan Bigorski. Nous sommes ensuite redescendu (sans rencontrer à nouveau les toutous de berger qui nous avaient valu une halte assez longue à l'aller, car il a fallu négocier avec eux - ils sont gros et pas très aimable de prime abord- notre passage) vers le beau village de , réputé pour ses maisons en pierre et la qualité de ses sculptures sur bois (c'est de cette région que viennent les plus beaux ornements des églises orthodoxes du pays) , ainsi que pour un festival de mariage très connu ici.
Le jour suivant, c'est Ilina Arsova qui me fait découvrir le parc de Galichica. Notre promenade nous amène sur un petit sommet d'où l'on peut admirer le lac d'Orhid, bien sûr, mais aussi celui de Prespa. Le panorama est splendide, on voit bien d'ici le beau terrain de jeu que ces montagnes peuvent offrir. Ilina, qui les connais très bien et possède une grande culture outdoor, y pratique la marche, l'escalade, le ski de randonnée, le vélo... C'est une grande figure de la montagne ici: elle est la première femme du pays à gravir l'Everest, entre autres belles références. C'est aussi une artiste accomplie et c'est avec plaisir que nous passons un moment dans sa maison familiale, sur les bords du lac d'Ohrid, qu'elle a convertie depuis peu en gîte. (vous pouvez aller voir son blog: http://ilinaarsova.blogspot.fr/ et le site de son gîte: )
Enfin, c'est par le parc de Pelister que je termine ma trilogie. Là, c'est un guide expérimenté, très amateur de champignons (il en ramassera au moins 3 kilos lors de la dernière partie de notre randonnée, qui s'est effectuée à un rythme très tranquille!), qui me fait découvrir cet espace très préservé au-dessus de la ville de Bitola, que j'avais visité la veille au soir (et qui, à vrai dire, ne m'a pas paru spécialement belle ni dynamique, même si l'ambiance semblait battre son plein dans la soirée, sur les terrasses des nombreux cafés de la rue principale. Pour le reste, pas mal de choses semblaient un peu laissés à l'abandon ici). Ici, sur un massif qui culmine à 2600 mètres, j'ai surtout pu découvrir et apprécier des sentiers boisés. La forêt est dense, on y marche donc au frais (ce qui était bien agréable car la température durant mon passage macédonien n'est guère descendue sous 35 degrés et le soleil chauffait!). Surtout, les pins qui poussent ici sont d'une espère endémique très particulière: leur "feuille" compte cinq épis, contre deux ou trois aux pins classiques. On en trouve seulement dans ce massif. L'eau y coule aussi en abondance et c'est directement aux sources que nous nous sommes rafraîchis. Là aussi, les possibilités de balades, voire de randonnées sur plusieurs jours (plus loin, il y a deux lacs d'altitude) sont nombreuses. Ce n'est pas non plus très loin de Galichisa et un parcours reliant les deux parcs me semble tout à fait envisageable. Ce sera pour une autre fois, mais j'aurai déjà eu un joli aperçu des ses massifs accueillants et pourtant sauvages. Les ours, les loups et les lynxs n'y sont pas rares. Je n'en ai pas vu cependant mais au vu des baies, des champignons et de la flore, tout laisse à penser que l'environnement reste bien préservé ici.
D'autres lieux de balades
J'ai également eu le loisir de me promener un peu dans d'autres beaux endroits et massifs qui se prêtent tout à fait à la marche et au trail, en dehors de ces trois parcs nationaux. Ce fut certes des balades, en marchant ou en courant, assez brèves, mais cela a tout de même bien compléter mon tour d'horizon "outdoor" du pays.
Ainsi, j'avais tout d'abords arpenté près de la station de ski de Popova Shapka, au pas de course et en compagnie d'un guide local plutôt affûté, la montagne de Shara. c'était d'ailleurs mon tout premier contact avec les sentiers macédoniens, qui se sont révélés pour la plupart assez bien tracés, parfois caillouteux mais sans réel soucis techniques pour le randonneur expérimenté. Là aussi, après un aller express jusqu'au bord d'une faille qui offrait un large point de vue, nous avions au retour cueilli des baies et ramasser pléthore de champignons.
A la fin du séjour, j'ai aussi effectué un agréable footing dans les environs de Krucevo, la ville la plus haut perché des Balkans, à 1300 mètres d'altitude. Là aussi, les panoramas depuis les sentiers étaient bien spectaculaires, des montagnes couvertes de verdure dans le jour baissant et la belle lumière d'un soir d'été. Le lendemain, j'avais couru une quinzaine de kilomètres pour aller de Berovo jusqu'au lac du même nom, là encore dans un environnement paisible et arboré. Il existe d'ailleurs une dizaine de sentiers de randonnée balisé à proximité de cette petite ville de l'est de la Macédoine.
j'oubliais aussi le bel espace naturel de Matka, un très beau canyon, que j'ai parcouru en bateau. Proche de Skopje, on peut s'y rendre à pied depuis la capitale et possibilité de louer des canoë est également offerte. De belles et très profondes grottes peuvent s'y visiter.
Entre villes et monastères.
Ma découverte globale de la Macédoine ne s'est tout de même pas limitée à l'aspect sentiers et montagnes. Bien au contraire. Si j'ai du un peu "négocier" ces temps de marche, qui étaient quand même au coeur de mon sujet et qui bien sûr m'ont beaucoup plu (j'avais aussi bien besoin de grands espaces et d'évasions cette semaine là), il en resté beaucoup pour visiter les monuments et découvrir les villes du pays.
Un pays dont j'ai vraiment "fait le tour", en voiture, grâce à mon chauffeur, Zoran, et ma guide, Djurgjica, que je remercient tous deux beaucoup pour leur gentillesse et leur adaptation à ces petits chamboulements.
Je retiendrai surtout certaines églises aux fresques byzantines très anciennes et étonnamment bien conservées: l'église Saint Panteleimon au dessus de Skopje, le monastère de St Jovan Bigorski dans la montagne, l'église Saint-Sauveur de Skopje, les feesques d'Ohrid. j'ai aussi apprécié les bas reliefs et statuaires de bois, sculptés jadis dans la région de Debar, de ces mêmes monuments.
Le site de la ville d'Ohrid, dominant le lac, ses belles maisons anciennes à l'architecture typique et ses nombreuses églises reste sans doute le grand point d'intérêt historique et architectural du pays. Un vaste projet de rénovation et de reconstruction d'un ancien monastère et également en cours, ainsi que des fouilles archéologiques. Les touristes, venus pour contempler ces beautés ou pour profiter du lac et des promenades aménagées, sont d'ailleurs nombreux. Le monastère de Saint Naoum, un peu plus loin au bord du lac (à la frontière albanaise) est aussi très fréquenté.
Krucevo, la ville la plus haute des Balkans, offre également un joli site. Elle s'agrippe en arc de cercle sur la montagne et ses maisons aux volets souvent bleues restent coquettes. La vie, comme souvent d'après ce que j'ai ressenti ici, semble s'y écouler plutôt tranquillement.
La Macédoine m'a en effet paru être plutôt un pays "à la campagne", où le stress n'a pas encore tout envahi.Ce n'est peut-être qu'une impression, due aussi au mois d'août, mais ici les gens ont l'air de prendre le temps, de savourer par exemple leurs déjeuners.
La cuisine m'a d'ailleurs paru savoureuse et saine: beaucoup de légumes, de salades, de fromages de chèvre et de brebis. Des produits frais, pas mal de ragoût aussi. Enfin, j'ai pu goûter le vin local et quelques cépages typiques des Balkans grâce à un très bon accueil dans la propriété de Popova Kula. J'ai bien apprécié, notamment un étonnant vin blanc au goût de raisin, leZilavka.
Le soir, j'étais quand même allé courir jusqu'au lac de Berovo, pour éponger un peu ce bon déjeuner. C'est que j'étais avant tout venu pour marcher et arpenter, mais le reste du programme et une petite plongée dans l'art de vivre local m'ont bien plu!
J'espère bien retourner un jour me promener dans les Balkans et en Macédoine tant cette première petite approche m'a séduit.
Toutes les informations sur le tourisme en Macédoine: Macedonia Timeless - Home www.macedonia-timeless.com/