Un film de Alfonso Cuaron (2013 - USA, UK) avec Sandra Bullock, George Clooney
Assez fascinant.
L'histoire : Une mission dans l'espace. Le docteur Ryan Stone et l'astronaute Matt Kowalski sont dehors pour procéder à des essais et des réparations. Ils sont alors frappés par des débris (la terre est cernée d'une poubelle volante...) qui met leur vaisseau à mal, et eux avec. Pour sauver sa consoeur, Matt coupe sa sangle, qui entraîne sa compagne, accrochée à l'appareil. Ryan, qui n'est pas astronaute de profession, va devoir rentrer seule, avec des engins dévastés et plus aucune liaison avec la terre...
Mon avis : Ah comme on en a parlé, de ce film ! J'avais tellement hâte de le voir - et comme Canal ne se décide pas à le passer, préférant les comédies françaises ou les films de série B - je nous suis offert le DVD. C'est vrai que sur grand écran ça le fait ! C'est MAGNIFIQUE. Mais ce n'est pas le chef d'oeuvre annoncé... D'abord, le film est court pour ce genre de grand spectacle ; j'en aurais voulu plus. Mais en même temps, vu la simplicité du scénario, Cuaron pouvait difficilement "broder" encore et encore ; pour le coup, on aurait eu des longueurs et des répétitions. Or là, on ne peut que constater l'immense talent du réalisateur qui nous tient en haleine avec UN personnage (ou quasi) pendant une heure trente. Ca, c'est fort de café.
La fascination du film vient surtout du visuel. J'imagine qu'en salle et en 3D, on devait être complètement scotché. On EST dans l'espace, les images sont de toute beauté, avec constamment en arrière plan, notre belle planète bleue qui tourne, qui tourne, doucement, et les effets spéciaux (débris qui viennent tout détruire des différents opérations de sauvetage) hallucinants de vérité. Plus des plans séquences sublimes, forcément sublimes. Enfin, voir cette petite femme perdue dans cette immensité, brrr, ça nous remet bigrement à notre place, un grain de sable dans l'univers, sans aucune importance ni utilité... Joli message philosophique.
Toujours visuellement parlant, j'aimerais revoir le film en 3D, ne serait-ce que pour les larmes de Sandra qui coulent de ses yeux puis s'envolent, apesanteur oblige. Beau, triste, poétique. Et les outils qui lui échappent pour aller mener leur vie ailleurs...
Je suis également ravie de voir enfin Sandra, que tout le monde critique depuis des années sans que je n'ai jamais pu me l'expliquer, dans un rôle qui met tout le monde d'accord : oui, c'est une grande et belle actrice, même si - c'est vrai - elle n'égale pas une Meryl Streep ou une Kate Winslet. Bravo aussi à Cuaron de mettre une femme en premier (et unique) rôle ; cela aurait été tellement attendu de garder George, plutôt ! Vive le cinéma non-macho.
C'est très beau, mais je n'ai mis que 8. Alors quoi ? me demandez-vous.
Et bien le bémol, c'est que le film est précédé d'un petit laïus sur l'immensité de l'espace et les conditions extrêmes qu'on y rencontre. Et pour finir, cette petite phrase : Dans l'espace, personne ne vous entend crier. Quoi ? Ca ne vous dit rien ? Alien, le 8e passager, bien sûr ! Ca ne m'a pas trop plu. Pompage confirmé par la suite avec Sandra seule dans son petit vaisseau-capsule, en débardeur et culotte, tout comme Sigourney il y a trente-cinq ans ! Hommage, oubli ? Je n'en sais rien, mais ça m'a déçue, parce qu'on peut rendre hommage de façon plus discrète. Ensuite... un vaisseau à la dérive, Allo Houston, we've got a problem ! Mission de sauvetage captivante d'astronautes à la dérive. Apollo 13, nom d'un chien ! Gravity est un mix des deux films : une femme au lieu de trois hommes, et pas de monstrou. Et voilà. Technologie somptueuse en plus, années 2010 obligent.
Un peu limite aussi, la Sandra qui prend ses modes d'emploi pour faire marcher sa navette... avec des boutons écrits en russe pour Soyouz, puis en chinois pour la capsule chinoise... Polyglotte, Ryan ? Très cliché aussi, l'image où, en apesanteur dans sa capsule, elle se met dans la position du foetus, tournant sur elle-même sur fond de paroi circulaire ! Facile.
Enfin, j'ai trouvé ça bien convenu, la pauvre dépressive, qui ne surmonte pas le deuil de sa fille, puis le sauvetage annoncé de l'héroïne à la fin, qui a pris une leçon de vie avec cette expérience.
Mais que pouvait-on attendre d'autre ? Qu'elle se crashe avec dernière image de Sandra en bouillie cracra ? Kidnapping par un vaisseau alien ? Non, finalement, les conventions ont parfois du bon. On a besoin que les histoires se terminent bien. Ca nous ramène à nous et l'espoir fait vivre.
Mais voilà, ces points m'ont un peu gardée sur la réserve. A noter, pour les fans de George, qu'il n'a qu'un petit rôle au début et qu'on l'aperçoit à peine !
Il n'empêche que Gravity est un film à voir et à revoir, d'une beauté inouïe, et avec un scénario plus facile à comprendre pour le commun des mortels que 2001 !
Les critiques, je ne vous apprends rien, sont totalement enflammées ; quelques commentaires glanés ici et là : "portrait inspirant et exaltant d'une femme confrontée à sa mortalité" ; "L’expérience sensorielle la plus aboutie jamais filmée" ; "Le film le plus spectaculaire qu'il ait été donné de voir sur l'espace" ; "parfois, on est poussé à abandonner, comme à bout de souffle, en manque d'oxygène" ; "hypnotique du début à la fin" ; "les grandes plages de silence qui rendent la solitude oppressante". Les rarissimes déçus ont peine à aligner des arguments. Le film a reçu 15 prix de par le monde, vous vous rendez compte ? En ce qui me concerne, je pense que c'est exagéré.
Et j'avoue être étonnée que personne n'ait semblé remarquer les références que j'ai évoquées ci-dessus. Ca ne vous a pas frappé, vous non plus ?
Le truc qui m'agace : absolument tout le monde parle de science-fiction. Mais pour moi, ce n'est pas de la science-fiction ! C'est du réel, c'est du présent, c'est juste une histoire qui se passe dans l'espace. La SF, c'est une extrapolation dans le futur sur les évolutions de la science et leurs conséquences.
Ici, tout juste peut-on parler d'anticipation (une aventure qui n'est jamais encore arrivée, mais pourrait bien compte tenu de l'actualité...) dans la mesure où les débris (satellites hors d'usage, pièces détachés ou morceaux en perdition consécutifs à des accidents, déchets divers...) qui tournent autour de l'espace, sont toujours plus nombreux, qu'on ne sait pas quoi en faire, et qu'il pourrait bien un jour provoquer une catastrophe.