J'aime Hermès, c'est une belle maison de manière générale et plus particulièrement en parfumerie.
Jean Claude Ellena en est le parfumeur maison depuis 2004 si mes souvenirs sont exacts, et c'est à ce moment là que je l'ai véritablement connu et adulé.
J'aime sa manière de transmettre sa passion pour la belle parfumerie et les bons ingrédients, mais aussi sa simplicité, qui se ressent dans ses créations olfactives.
Je me suis finalement rendu compte que je portais ou aimais de nombreuses de ses oeuvres, comme par exemple Un Jardin en Méditerranée, First, Eau de Campagne, Déclaration, Bois Farine ... et j'en oublie.
Tout cela pour dire que depuis qu'il est chez Hermès, j'ai rarement été déçue, même si Jour m'avait au premier coup de nez, semblé trop épuré.
Mais il faut se méfier des choses qui paraissent simples, car ce sont parfois voire souvent les meilleures, comme un bon pain pétri avec amour par un boulanger ou une merveilleuse tarte aux fruits maison. Car c'est souvent une question de coeur à l'ouvrage et d'émotions, un peu comme le sourire qui est communicatif quand il est sincère.
Eh bien quand j'ai senti Terre Eau Très Fraîche, je n'ai regretté que son nom à rallonge et un peu trop emphatique qui s'oppose radicalement avec le jus (mais peut être est ce fait sciemment).
En effet, j'ai vraiment eu la sensation de sentir ces parfums qui sont simples et bons pour le moral, ces doudous olfactifs qui nous rassurent et nous mettent de bonne humeur car on ressent l'âme nue du parfumeur, un peu comme la Cologne de Mugler.
Pour moi qui apprécie Terre sans pourtant le porter (c'est l'un des rares), l'Eau Très Fraîche en est une version plus gaie, plus lumineuse et plus pétillante que je me vois totalement m'approprier, compensée par une tenue très féminine voire sophistiquée.
J'aime sa tête pleine de vie et transparente, très hespéridée (orange, bergamote notamment), avec un dynamisme renforcé par les aldéhydes, les épices et des notes vertes et croquantes tout en esquisse, en subtilité.
Puis arrive l'aspect minéral propre à Terre, mais cet aspect est beaucoup moins rude et sec que dans la version initiale, il exprime ici une terre accueillante, comme si elle avait été tout juste arrosée par la pluie, propice à laisser s'épanouir des essences botaniques diverses et variées.
Un soupçon d'embruns donne de l'envol à la note sans tomber dans la caricature fonctionnelle, au contraire de ses voisins de rayonnage chez Sephocirionnaud (suivez mon regard vers l'infection signée PR notamment).
Et rapidement, me voilà happée par le magnétisme des bois de cette Terre très fraîche : le cèdre majestueux, beauté à la fois froide et rassurante, mais aussi et surtout le vétiver que j'apprécie de plus en plus. Ce dernier trouve ici une sorte de résonance bucolique et ombragée par le biais de la mousse de chêne, précieuse alliée qui me laisse rarement indifférente.
Ainsi Terre Eau très fraîche me plait car elle retranscrit la simplicité, l'évidence des choses simples, leur légèreté aussi (et j'en ai bien besoin en ce moment, de légèreté dans ma vie). Mais ce jus exprime aussi une simplicité apparente qui finalement n'est que la partie isolée de l'iceberg, celle que l'on veut bien voir, et s'avère finalement bien plus complexe quand on prend le temps de l'apprécier.
Entre nous, cela n'est pas sans me rappeler une remarque que m'avait fait un jeune homme au lycée après avoir lu un de mes poèmes : "Tu es bien plus que ce que tu laisses paraître, cette image de fille sage et discrète, tu es comme un papillon aux mille reflets".