Neo-mudejar

Le Néo-mudéjar s'est développé principalement dans la Péninsule Ibérique d'environ 1860 à 1925. Il fait partie des courants orientalistes de l'architecture historiciste dominant en Europe à cette époque. Le nouveau style fut utilisé particulièrement pour des constructions de caractère festif et de loisir, comme des salons de fumeurs, des casinos, des gares, des arènes ou des saunas.

Arènes de Las Ventas - Madrid

En Espagne, le style néo-mudéjar fut revendiqué comme un style national, du fait qu'il était basé sur un style proprement hispanique (ou perçu comme tel), l'architecture mudéjare. Cependant, ce que l'historiographie a traditionnellement considéré comme néo-mudéjar, sont en fait très souvent des œuvres de style néo-mauresque, étant donné qu'elles utilisent des éléments califaux, almoravides et nasrides et que l'unique aspect mudéjar est l'utilisation de la brique visible. L'appellation néo-mudéjar est donc assez polémique et remise en question par certains spécialistes qui n'y voient qu'une variation du néo-mauresque.

Le style néo-mudéjar dut faire face à la concurrence d'autres styles tels que le néo-gothique ou le néo-roman, tous les deux préférés par les autorités ecclésiastiques, du fait de l'importante profusion des styles romans et gothiques pendant le Moyen Âge pour la construction des œuvres religieuses emblématiques. Face à ces styles "chrétiens", l'arabisant néo-mudéjar ne fut donc pas le style majoritairement choisi par l'Église catholique, bien que furent construites quelques églises de ce style à Madrid, comme l'Église Sainte-Christine (1906), l'Église Saint-Mathias (1877), l'Église de la Paloma (1912), ou l'Église Saint-Firmin des Navarrais (1891).

Le premier exemple du style néo-mudéjar est l'ancienne Arène de Goya à Madrid. Le style fut à partir de ce moment-là presque obligatoire pour les arènes de toute l'Espagne.

Poste principale de Saragosse

Parmi les gares de chemins de fer construites selon les caractéristiques du néo-mudéjar, on notera la gare de Tolède. D'autres exemples avec l'ancienne gare Plaza de Armas de Séville, la gare de Huelva-Termino, la gare d'Aranjuez et la gare de Jérez de la Frontera.

La consolidation de la bourgeoisie libérale au cours du XIXe siècle favorisa la construction de nouvelles stations balnéaires et la restauration de celles qui existaient déjà,  ainsi que la construction de grands hôtels. Parmi tous ceux qui furent construits alors, beaucoup utilisèrent l'esthétique néo-mudéjar : le Gran Hotel de Vichy Catalán de Caldes de Malavella, les Baños Orientales de la Barceloneta, à Barcelone ; la Balneario de San Lucas, à Mula ; et la Balneario de Lanjarón, dans la province de Grenade (1928).

Les casinos vécurent eux aussi leur âge d'or. Les établissements néo-mudéjar sont le Casino Gaditano, l'Ancien Casino de Tolède, le Casino de Téruel et celui de Granja de Torrehermosa .

Musée des Arts et Traditions Populaires à Séville

Parmi les théâtres qui adoptèrent ce style, on notera le Gran Teatro Falla de Cadix, ainsi que les théâtres madrilènes tels que Teatro Alhambra, disparu et le Théâtre María Guerrero.

La croissance de Madrid et l'arrivée des chemins de fer fit que le sud de la ville se convertit en zone d'expansion et en quartier industriel, en accueillant des quais de charge, des gares de triage, des usines, des entrepôts ainsi que d'autres installations manufacturières et industrielles. Beaucoup d'entre elles furent érigées selon le style néo-mudéjar. Des logements collectifs bourgeois furent aussi construits dans le nouveau style. Le matériau principal, la brique, ne revenait pas cher, de même que la main d’œuvre, qui reproduisait le même modèle d'un logement à l'autre. La majeure partie de ce patrimoine, non protégé, a été démoli par la pression immobilière, peu intéressée par des logements humbles de seulement un ou deux étages. Cependant il reste encore de nos jours beaucoup d'exemples remarquables dans les quartiers de la périphérie madrilène et répartis dans toute la région.

D'après Wikipédia