« La seule chose qui nous fait nous sentir vivants est aussi ce qui lentement nous tue. Les enfants pour les parents, les succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes. »
Marquons ce retour au clavier par un coup de cœur. Le dernier Alessandro Baricco est un ravissement. De l’auteur, je n’avais lu que Soie. Si j’en garde un bon souvenir, j’ai des images diffuses d’un vieux meuble, de bels ornements et de fioritures.
Mr Gwyn, écrivain britannique reconnu tant par la critique que le public, publie dans le journal une liste en 52 points de ce qu’il ne fera plus. Ecrire un roman en fait partie.
Élégant, bourré de charme, original – comme j’ai aimé l’idée de ces portraits écrits ! - Mr Gwyn est un roman d’une piquante intelligence que j’ai lu avec gourmandise. Aller au bout de son ressenti, avoir le courage de ses idées, assumer la solitude qui en découle. Vouloir le calme face au tumulte du monde et mener la quête du sens de l’existence. Viser le statut bien au-delà de la qualité ; la pureté.
Baricco pose, mine de rien et avec une grande maîtrise narrative, les questions de toute une vie. La recherche de l’essence même de l’écriture. Et puis, je ne regarderai plus les ampoules de la même manière.
Gallimard, 183 pages, 2014, traduit de l’italien par Lise Caillat