King Creosote - From Scotland With Love
La fin du mois d’août approche et on regarde déjà dans le rétroviseur. Tous ces festivals, ces barbecues sur doux fond musical, ces retours de la plage en écoutant les Beatles. Et devant nous le retour au boulot, les réveils matinaux. La morosité guette. Et puisqu’il faut soigner le mal par le mal, les dieux de la musique ont inventé King Creosote.
Perdu de vue depuis une des toutes premières chroniques sur ce site, c’est avec un immense plaisir que je retrouve ce chantre de la mélancolie. Sur ce nouvel album From Scotland With Love, Kenny Anderson trousse onze chansons à la beauté solaire et immédiate. On retrouve ce subtil filet de voix qui jamais ne force, modulant des mélodies célestes, comme sur le titre d’ouverture Something to believe in ou sur l'addictif Miserable Strangers. Les arrangements sont classieux, tout en retenue, et il faut reconnaître que quand la machine s’emballe un peu (For One Night Only) le charme opère un peu moins. L’écossais est surtout doué pour les ambiances feutrées, les murmures, les dignes complaintes. Quelques jolies tentatives de renouvellement cependant (à l’image de Bluebell, Cockleshell, 1,2,3 et ses choeurs d’enfants).
Rares sont les artistes capables de vous coller un si doux bourdon, un frisson de fin d’été où le pull réchauffe et réconforte. On pense parfois à Radical Face, autre génie mélodiste des petits espaces de repli, ou aux titres les plus intimistes de Beirut. Attention, intimiste ne voulant pas toujours dire minimaliste : Pauper’s Dough parvient à mêler crescendo illuminé et emphase en sourdine. Enfin, A Prairie Tale, reprenant la ligne mélodique du premier titre, confirme que l’album a été envisagé un peu comme un carnet de voyage, avec ses départs à regret, ses paysages changeants, et le retour au foyer. « L’homme n’a pas besoin de voyager pour s’agrandir : il porte avec lui l’immensité » Mon cher François-René, si tu pouvais entendre ces 39 mns de plénitude, tu verrais combien tu avais raison.