A une altitude moyenne de 4.500 m, le plateau tibétain est le terrain d’étude idéal pour identifier les modifications génétiques liées à l’adaptation. A partir de l’étude génomique de populations tibétaines, les chercheurs reconstituent toute une évolution génétique : Il y a environ 8.000 ans, le gène EGLN1 était modifié au niveau d’une seule paire de bases d’ADN. Aujourd’hui, 88% de Tibétains portent cette variation génétique, par ailleurs pratiquement absente chez les populations vivant en plaine. Ils montrent comment cette adaptation génétique contribue à l’adaptation à l’environnement et, précisément ici au manque d’oxygène. S’il s’agit du premier rapport d’identification d’une adaptation génétique pour l’adaptation à la vie en haute altitude, ces résultats permettent aussi de mieux comprendre l’évolution humaine, explique le Dr Josef Prchal, professeur de médecine interne et auteur principal de l’étude.
Car la variation génétique confère à ses porteurs un bénéfice important : En effet, elle protège les Tibétains du manque d’oxygène. Au contraire, les non-porteurs peuvent souffrir, en haute altitude, de complications à long terme telles que l’insuffisance cardiaque. Parce que l’oxygène joue un rôle central dans la physiologie humaine et la maladie, une compréhension profonde des adaptations génétiques liées au manque d’oxygène de l’environnement peut conduire à de nouveaux traitements pour différentes maladies, dont le cancer.
Enfin, c’est une découverte parmi beaucoup d’autres à venir, précisent les auteurs, et dont les implications vont au-delà de l’évolution humaine, sur le processus d’adaptation génétique associé aux adaptations nécessaires à notre environnement.
Source: Nature Genetics Aug. 17, 2014 doi:10.1038/ng.3067 A genetic mechanism for Tibetan high-altitude adaptation