Dans son principe, le modèle retenu par la startup est parfaitement adapté aux cas d'utilisation envisagés : il suffit en effet de poster un message ou un commentaire sur l'une des plates-formes de réseau social supportées (Twitter, YouTube, Google+, Tumblr, Quora…), en mentionnant le destinataire et le montant à verser (sans oublier de citer ChangeTip, naturellement), pour effectuer un don à l'auteur d'un billet ou d'une vidéo, bénéficier d'un accès sans publicité à un blog, envoyer un cadeau à un ami, partager les frais d'une soirée…
En son cœur, ChangeTip repose sur des échanges en Bitcoin, chaque utilisateur disposant d'un compte virtuel dans cette monnaie. Ce choix permet (théoriquement) de bénéficier des coûts extrêmement bas (par nature) des opérations, et est donc particulièrement pertinent pour des échanges de très petits montants. Afin d'accroître son attractivité, ChangeTip offre tout de même la possibilité de libeller les opérations dans la devise de son choix. Dans ce cas, une conversion (symbolique) intervient préalablement à l'exécution du mouvement, au cours en vigueur à cet instant.
Cependant, le raisonnement n'est pas poursuivi jusqu'à son terme, puisque les transactions sont en fait gérées en dehors du blockchain, le « grand livre » comptable (distribué) du Bitcoin. Plus clairement, cela signifie que les paiements réalisés via ChangeTip sont uniquement enregistrés localement, dans les comptes (virtuels) détenus auprès de la startup. Les échanges monétaires ne sont réellement validés et « officialisés » que lors d'un transfert vers un porte-monnaie externe.
En conséquence, le dispositif s'avère finalement identique à ceux ayant fait l'objet d'expérimentations (peu concluantes) par le passé, avec pour seule différence une devise de traitement un peu originale. Si les frais d'alimentation et de retrait sont moins élevés qu'avec les solutions classiques, les frictions à l'usage restent entièrement présentes. Et tant pis pour le rêve dans lequel on pourrait associer son profil Twitter ou Facebook à son porte-monnaie Bitcoin existant et gérer les paiements directement, sans les inconvénients d'un compte intermédiaire…
Impossibilité technique ou choix délibéré des concepteurs ? Difficile d'acquérir une certitude. Il semblerait qu'il existe effectivement des limitations dans les protocoles de la cryptomonnaie, qui pourraient justifier qu'elle ne soit pas aussi adaptée qu'on le croit aux micro-paiements (en volume). Mais n'y aurait-il pas alors moyen de contourner cette difficulté ? Décidément, le Bitcoin est un sujet extraordinairement complexe pour le commun des mortels et ses multiples « recoins » ont encore besoin d'être explorés…