Sergio Loro Piana

Publié le 22 août 2014 par Llc

On ne le dira jamais assez, le vrai style italien passe par l’apprentissage des matières, de la coupe, et d’une nécessaire retenue stylistique – rien à voir, donc, avec les publicités tapageuses qui tapissent les pages de nos magazines : non, l’annonceur n’a pas raison par principe… À ses deux fils, Pier Luigi et Sergio, Franco Loro Piana avait coutume de répéter que seules des matières premières de qualité supérieure font la valeur d’une marque : ni le design, ni la publicité… Avec patience et discipline, les deux hommes apprirent donc à toucher, à soupeser, à jauger les laines ; à les acheter, à les vendre ; vigogne, cachemire, mérinos n’avaient aucun secret pour eux. Ils allaient les chercher en Mongolie, au Pérou, en Tasmanie, en Nouvelle-Zélande… L’annonce du rachat de Loro Piana par LVMH en 2013 (pour la somme, certes coquette, de deux milliards d’euros) a quelque peu éclipsé ce qui faisait le moteur de la maison : un goût prononcé pour les voyages et la découverte, un côté chercheur d’or très éloigné du marketing du luxe, un art de penser et de vivre à l’unisson de la clientèle. Elle ne doit pas faire oublier la personnalité des deux héritiers qui, en quelque 40 ans, ont réussi à faire de la très belle PME familiale un concurrent crédible de mastodontes comme Hermès.

Sergio Loro Piana, ou L’élégance sans ostentation

Responsable des collections de prêt-à-porter et du réseau de magasins Loro Piana (quand son frère, Pier Luigi, avait en charge la division textile), Sergio Loro Piana, dont le décès en décembre 2013 à l’âge de 65 ans, a surpris plus d’un amoureux du beau à l’italienne, avait mis au point pour lui-même un code vestimentaire sobre et classique qui lui permettait d’oublier ce qu’il portait. La plupart des photos, plutôt récentes, le montrent vêtu d’un élégant costume croisé Rubinacci à larges revers, d’une chemise aux rayures relativement larges et d’une cravate sombre parfois ornée d’un drapeau maritime, discrète référence à la voile – une passion dont témoignent à la fois certaines innovations Loro Piana (le Storm System, par exemple) et un événement sportif majeur, la Loro Piana Caribbean Superyacht Regatta and Rendez-Vous. Les chaussures ? Le plus souvent des derbies à boucle simple, ou, plus casual encore, des mocassins à semelle gomme en veau velours : le genre de contrepoint stylistique que seuls les Italiens sûrs de leur fait peuvent s’accorder sans trop de risques. Détail qui n’en est pas un : bien qu’il n’en fît pas la publicité, Sergio Loro Piana incarnait pleinement le vestiaire de la société qu’il co-dirigeait.

Vous avez dit « luxe » ? De même qu’on ne peut pas s’habiller contre son corps, on ne devrait jamais vendre ce en quoi on ne croit pas.