Un grand pas avant la mise en service de l 'Airbus A350. Il a terminé sans encombre l'épreuve de « route proving »

Un grand pas avant la mise en service de l 'Airbus A350. Il a terminé sans encombre l'épreuve de Ť route proving ť
J'avais choisi, pour cette chronique, de vous parler du lancement ŕ Kourou des 3 satellites constituant la phase opérationnelle de Galileo. Mais la météo étant mauvaise ŕ Kourou le tir d'Ariane 5 a été reporté, du coup ma chronique aussi. Quand je me suis demandé quel était l'événement aéronautique susceptible d'ętre évoqué cette semaine, je n'ai eu aucun mal ŕ trouver mon sujet, il s'agit de l'A350, le dernier né de la famille Airbus.
L'A350-900 a donc terminé ses vols d'endurance et d'évaluation ( c'est le fameux Ť route proving ť en langage aéronautique). L'appareil était parti le 24 juillet de Toulouse pour parcourir 151 300km représentant 180 heures de vol. Il a fait des étapes dans 14 aéroports dont Francfort, Singapour, Hong Kong, Sydney ou encore Sao Paulo, tout cela sans anicroche et dans les conditions normales d'un vol commercial. Dans le cockpit, il y avait bien sűr des pilotes d'Airbus, également de Qatar Airways qui sera le premier client livré et des pilotes de l'agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Parmi ces pilotes chanceux, Fernando Alonso qui est le patron des essais en vol de chez Airbus a déclaré que les performances de l'appareil étaient remarquables et qu'il attendait les certifications européennes et américaines dans les prochaines semaines comme prévu. C'est le Ť comme prévu ť qui est important car jamais la construction d'un avion n'a été aussi rondement menée.
Rappelons tout de męme qu'ŕ l'origine les ingénieurs d'Airbus avaient raté leur projet. Il faut remonter ŕ 2004, Boeing vient de lancer le 787, un biréacteur long courrier pouvant voler plus de 15 000km sans escale. Airbus accuse le coup et comme tous les efforts du constructeur sont mis sur l'A380, la firme toulousaine décide de lancer un A350. Mais voilŕ que les compagnies sont séduites par le nouveau Boeing. Northwest et Air Canada qui avaient basculé chez Airbus reviennent chez Boeing. A Toulouse c'est l'alerte rouge, le bureau d'études doit reprendre ses crayons. Il est grand temps car le B787 devient le plus grand succčs commercial d'un avion avant sa mise en service. Ainsi naît en décembre 2006 l'A350 XWB (extra wide body), c'est vraiment la 1čre fois dans l'histoire.
aéronautique qu'on doit lancer, faute de commandes suffisantes, une nouvelle version d'un avion qui n'a pas encore volé. Et puis, alors que Boeing continue de vendre son 787 comme des petits pains, voilŕ qu'Airbus annonce la mise en service de son XWB pour 2013 alors que la version initiale était prévue pour 2010. Alors on se dit que lŕ Airbus a tout faux...
C'était sans compter avec les ennuis du Boeing 787, des ennuis que personne n'aurait pu imaginer. A Seattle on a sans doute poussé le bouchon trop loin dans l'innovation. Cet avion tout carbone a essuyé bien des plâtres : il y a d'abord eu le problčme du poids de la nouvelle structure qu'il a fallu raboter au risque de la fragiliser, il y a eu aussi le problčme de la méthode de Boeing qui ręvait de n'ętre plus qu'un assembleur d'avions. D' ou des pans entiers de construction laissés ŕ des sous-traitants qui se sont vite montrés dépassés par la technologie réclamée par Boeing et qu'apparemment ils ne maîtrisaient pas. L'appareil étant mis en service, voilŕ que ce sont les batteries qui s'en donnent ŕ cœur joie pour prendre feu. La production doit s'arręter. Pendant ce temps-lŕ ŕ Toulouse on rattrape le temps perdu : 5 avions d'essais sont rapidement construits jusqu'ŕ la réussite du récent tour du monde, notre fameux Ť route proving ť.
Si Qatar Airways sera le 1er ŕ mettre en ligne l'A350 XWB, déjŕ la compagnie Finnair qui sera livrée au 2č semestre 2015 a présenté la cabine de l'avion et franchement on a envie d'y ętre. Il y a d'abord l'utilisation de lampes Led qui vont régler l'éclairage de la cabine en fonction de l'heure de la journée. En vol vers l'Asie la cabine pourra se teinter de couleur jaune orangée, laquelle deviendra plus bleutée ŕ l'arrivée sur Helsinki. Les systčmes de renouvellement d'air seront trčs performants, les écrans tactiles de 40cm donneront accčs ŕ de trčs nombreux programmes, les 208 sičges de la classe Economy laisseront un espace de 79cm avec le sičge précédent. La compagnie finlandaise rappelle aussi que l'avion permettra de réduire de 25% la consommation de carburant ainsi que les coűts d'exploitation. Finnair, 1čre compagnie européenne ŕ mettre en service l'A350 XWB a commandé 11 appareils et pris une option sur 8 avions supplémentaires.
Aujourd'hui 742 Airbus A350 XWB ont été vendus. Certes le 787 Dreamliner continue de faire la course en tęte avec 840 commandes. A Toulouse, on cite volontiers Jean de la Fontaine qui écrivait sans aucune pensée aéronautique Ť rien ne sert de courir, il faut partir ŕ point ť.
Gérard Jouany - AeroMorning