Magazine Beaux Arts

Situation critique

Publié le 22 août 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Avant d'aborder les pages encore blanches de la rentrée, quelques ultimes lectures de vacances.

Figaro-ci   1876

" La rue Le Pelletier a du malheur. Après l’incendie de l’Opéra, voici un nouveau désastre qui s’abat sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand Ruel une exposition qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés, s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition , s’y sont donné rendez vous pour exposer leur œuvre. Il y a des gens qui pouffent de rire devant ces choses.

Article d'Albert. Wolf pour la deuxième exposition impressionniste dans Le Figaro , le 3 avril 1876

Article d'Albert. Wolf pour la deuxième exposition impressionniste dans Le Figaro , le 3 avril 1876

Moi, j’en ai le cœur serré. Ces soi disant artistes s’intitulent les intransigeants, les impressionnistes; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et signent le tout (...). Faîtes donc comprendre à M. Pissarro que les arbres ne sont pas violets, que le ciel n’est pas d’un ton beurre frais, que dans aucun pays on ne voit les choses qu’il peint et qu’aucune intelligence ne peut adopter de pareils égarements ! Autant perdre votre temps à vouloir faire comprendre à un fou, se croyant le pape, qu’il habite les Batignolles et non le Vatican(...) Essayez donc d’expliquer à M. Renoir que le torse d’une femme n’est pas un amas de chairs en décomposition avec des taches vertes violacées qui dénotent l’état de complète putréfaction dans un cadavre !"

Article (extrait) d'Albert. Wolf pour la deuxième exposition impressionniste, publié dans Le Figaro,  le 3 avril 1876

Figaro-là  2014

"Soulages est-il vraiment le maître du noir? Et pourquoi pas du bleu, du vert ou du rouge? Après tout, le bleu, n'est-ce pas l'eau dont Thalès disait déjà que tout provient? Et le vert, la nature, la Phusis mère de toutes choses? Quant au rouge qui coule dans nos veines, n'est-ce pas la vie même?
Rien qu'à y penser, je sens venir un discours esthético-métaphysique tout à fait présentable pour accompagner des créations déclinées dans toutes les nuances possibles et imaginables: en mat ou en scintillant, en strillures ou en couches étales, en bandes horizontales ou verticales, en croix, en cercle, en losange, à plat ou en relief, j'en passe et peut-être même de meilleures.
J'avoue tout: c'est vrai, il faut avoir bien mauvais fond, alors que l'été nous invite aux festivals et aux visites muséales, pour briser l'unanimisme touchant qui a entouré voici quelques semaines l'inauguration par François Hollande du Musée Soulages. D'autant que la presse a souligné ad nauseam qu'il était l'artiste français «le plus cher du monde», comme si l'argent était désormais le seul et unique critère du temps présent, nulle dimension de la vie humaine n'échappant plus à la logique impériale de la marchandisation.(...)"

"Soulages et l'art contemporain : de l'humour au pompeux"
Article (extrait) de Luc Ferry  publié dans Le Figaro le 24 juillet 2014


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