Ils devaient être 29, ils seront 30 à
entamer la préparation à l’Euro dont le coup d’envoi véritable aura lieu à
Tignes le dimanche 25 mai avec une absence de poids et une surprise.
Qu’il est roué ce Raymond Domenech ! Il essaie toujours d’avoir un coup d’avance sur les autres, autant pour éviter les pires polémiques que pour relancer le débat sur d’autres sujets d’actualité. En biffant le nom de David Trezeguet de sa liste, il n’a fait que suivre sa logique implacable. L’attaquant de la Juventus de Turin, pourtant auteur de 20 buts cette saison en Série A, ne figure plus dans les plans de sélectionneur depuis la défaite concédée au Parc des Princes face à l’Ecosse. Une éternité.
Alors, pour calmer les esprits et apaiser les tensions éventuelles, il a réservé une surprise en convoquant Bafétimbi Gomis, La petite perle stéphanoise a accompli une saison pleine avec 16 buts à la clé, le même total que Djibril Cissé. Comme par hasard, les deux hommes seront en concurrence pour décrocher le quatrième poste d’attaquant dans la liste des 23.
Sans connaître les plans définitifs de Raymond Domenech, on peut penser que Gomis serait le parfait clone de Pascal Chimbonda, le défenseur appelé à la surprise générale pour le Mondial 2006. Aucune sélection, aucun vécu à Clairefontaine et pas la moindre expérience internationale. Et aucun état d’âme non plus sur son temps de jeu durant la compétition. Lorsqu’il faudra peser le pour et le contre, voilà des arguments qui pèseront lourds dans la balance. Peut-on imaginer que Cissé, privé de Mondial allemand pour une double fracture tibia-péroné lors de l’ultime match de préparation, soit absent, cet été en Suisse, par la faute d’un gamin de 22 ans en pleine ascension ? À l’évidence, le risque existe.
Trois incertitudes. Pour le reste de la liste, le patron des Bleus a réuni les joueurs le plus souvent appelés lors de ces deux dernières saisons. Seule ombre au tableau, sept d’entre eux quitteront le stage de Tignes au matin du 28 mai, date à laquelle les sélectionneurs devront communiquer les listes officielles à l’UEFA. A priori, on connaît 20 des 23 participants. Trois places restent à pourvoir. Julien Escudé est en principe le suppléant de Gallas, sauf que la pubalgie qui le taraude en ce moment pourrait lui jouer un vilain tour. Jean-Alain Boumsong serait alors le candidat désigné. A priori, Squillaci et l’un des deux précités sont en ballottage défavorable. Chez les milieux défensifs, Alou Diarra, le seul bordelais, pourrait vire le même sort que Flamini et rentrer prématurément à la maison. Offensivement, Nasri et Ben Arfa devraient se disputer la dernière place.
En clair, Mandanda, Squillaci, Boumsong ou Escudé, Alou Diarra, Flamini, Ben Arfa et Cissé risquent de vivre les affres vécues par Letizi, Djetou, Lamouchi, Laigle, Ba et Anelka en 98. Sauf à dire que quatorze tricolores seront engagés cette semaine sur le front des finales de la Ligue des Champions (Makélélé, Anelka, Malouda), de la coupe de France (Coupet, Reveillère, Clerc, Boumsong, Squillaci, Toulalan, Govou, Ben Arfa, Benzema) et de la coupe d’Italie (Mexes, Vieira). Il faut reconnaître que le risque de blessures existe. Dès lors, rien ne laisse encore présager de la liste définitive. Même à Tignes, il y aura toujours de l’espoir. Plus ténu bien sûr, mais il subsistera.
Le compte à rebours a commencé. L’équipe de France est bel et bien entrée dans son Euro. Le 9 juin, à Zurich face à la Roumanie, elle avancera son premier pion sur l’échiquier. L’objectif, rappelons-le, consistera à conquérir la place du roi.
Alain Goujon