Combiné avec une chimiothérapie, des injections de Botox pourraient contribuer à stopper le développement de cancers d l’estomac. C’est ce que suggère cette étude internationale, menée sur la souris : En bloquant les signaux nerveux à l’estomac, la toxine botulique réduit ici réduit l’incidence des tumeurs en développement et prolonge la survie.
La toxine botulique est une toxine produite par la bactérie Clostridium botulinum. En plus de ses utilisations cosmétiques, le Botox permet de détendre les muscles et de bloquer les signaux nerveux.
Déjà utilisée dans le traitement de certaines formes d’incontinence, de la migraine, de la spasticité des membres supérieurs et inférieurs, le bépharospasme, spasme hémifacial, traitement de la déformation dynamique du pied en équin chez l’enfant, l’oculomotricité…, envisagée aussi dans le traitement de la SEP, et de l’asthme sévère, la toxine botulique (Botox) semble ici contribuer à stopper la croissance du cancer de l’estomac.
Les chercheurs de la Norwegian University of Science and Technology, de la Columbia University (New York) et de différents instituts de recherche à Boston, en Allemagne et au Japon, ont travaillé sur des souris génétiquement modifiées pour développer un cancer de l’estomac à 12 mois. A 6 mois, ces souris ont subi diverses interventions sur le nerf vague, dont injection de botox au niveau du nerf vague antérieur.
Les chercheurs constatent que,
· Les souris transgéniques développent principalement le cancer de l’estomac, dans la partie de l’estomac ayant la plus forte densité de nerfs,
· Couper l’alimentation du nerf vague réduit l’incidence des tumeurs en développement,
· les souris traitées avec des injections de Botox ont des taux de survie améliorés, en raison d’une propagation réduite des tumeurs,
· seules 14% développent une tumeur dans la partie avant de l’estomac, où le nerf a été coupé, 76% dans la section arrière où le nerf vague est intact vs 78% (souris « témoins »),
· chez les souris ayant développé un cancer de l’estomac, le taux de survie atteint (vs souris témoins: 53%),
- 71% si injection à 8 mois,
- 64% si injection à 10 mois,
- 67% si injection à 12 mois,
· une injection de botox dans les tumeurs de l’estomac de souris réduit leur croissance d’environ la moitié.
· Botox + chimiothérapie permet de prolonger la survie vs chimiothérapie seule.
· Sur des biopsies de tissus de 137 patients atteints de cancer de l’estomac, dont 13 ayant subi une section du nerf vague, les chercheurs valident le rôle des nerfs dans la croissance tumorale.
Les nerfs ont donc bien un rôle clé dans le développement du cancer de l’estomac. L’interruption du signal nerveux, dont par injection de Botox, permet l’amélioration des taux de survie et une réduction de la croissance du cancer. Un essai clinique de phase précoce chez les humains atteints de cancer de l’estomac inopérable est déjà en cours en Norvège depuis janvier 2013. Ses résultats sont attendus pour 2016.
Source: Science Translational Medicine August 20 2014 DOI: 10.1126/scitranslmed.3009569 Denervation suppresses gastric tumorigenesis