Pendant que tout ce que la presse française est, résolument, décidée à traiter en détail les palpitantes aventures de Nadine à la plage ou Alain dans le grand bain, la situation économique mondiale continue d’évoluer de façon aussi inquiétante qu’intéressante. Et comme il ne me paraît pas trop essentiel de revenir sur les occupations de nos épaves politiciennes en mal de couverture médiatique, je vous propose d’aller voir d’un peu plus près ce que la presse française, justement, ne traite pas des masses : les tendances de fond concernant l’or et le dollar.
Et pourquoi parler de ça maintenant ? Probablement parce que le mot « déflation » est maintenant sur toutes les lèvres. D’abord susurré puis ouvertement prononcé par les élites qui nous gouvernent, sans doute pour justifier leurs dérapages systématiques dans la gestion des finances du pays, la déflation serait en phase d’installation en France et, plus généralement, en Europe ou la récession n’est plus du domaine de l’improbable. Si l’on devait estimer la position générale des pays, on pourrait aboutir au petit graphique suivant qui tente de résumer les différentes évolutions possibles.
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir – adapté du graphique ici)
Comme on le comprend (et comme le rappelle fort justement Contrepoints dans une série d’articles utiles), si la déflation est bien loin de l’ennemi tant décrié par les keynésiens et les socialistes de tous poils, elle n’en reste pas moins un marqueur clair d’un changement de tendance assez profond dans l’économie mondialisée.
Or, en temps de déflation, « cash is king ». Autrement dit, alors que l’inflation peine à se concrétiser, il est normalement plus intéressant d’avoir peu de dettes et un gros stock d’argent frais. Ceci se traduit, assez logiquement, par une hausse de la monnaie de refuge, le dollar, face à l’euro (nous étions à 1.40 USD/EUR en mai, et nous en sommes à 1.33 USD/EUR actuellement). Toujours de façon assez logique dans ce contexte de déflation, et presque contre-intuitivement en regard des tensions internationales, le prix du baril de pétrole, lui, descend mollement pour venir chatouiller les 90$ le baril (pour le brut) et les 100$ (pour le brent). Le ralentissement économique, nettement sensible dans la baisse de consommation d’énergie, et le développement maintenant soutenu de nouvelles sources de pétrole, qui placent d’ailleurs une nouvelle fois les États-Unis à la première place des producteurs, font finalement plus que compenser les ravages et tensions provoqués par les islamistes au Moyen-Orient.
Jusque là, tout est donc parfaitement normal, même si c’est éminemment désagréable pour les tenants de la croissance à tout prix, y compris et surtout par l’endettement public maniaque ou la relance désespérée des rotatives à billets.
Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le comportement des métaux précieux. Normalement, en période de déflation, l’or (et plus généralement les métaux précieux comme l’argent, le platine ou le paladium par exemple) connaît traditionnellement des passages à vide. Puisque c’est de la monnaie dont il faut disposer, en période de déflation les investisseurs malins se délestent d’une partie de leurs métaux pour accroître leur matelas de devise.
Actuellement, pourtant, l’or ne se porte pas mal : ayant progressivement remonté depuis les parages de 1000 dollars l’once de décembre 2013, son cours s’établit actuellement autour de 1300$. Mieux : il monte modestement pendant que le paladium, lui, atteint des records, majoritairement dus à des situations tendues dans les mines sud-africaines qui l’extraient.
Ce comportement est d’autant plus marquant que les pays émergents ne font plus mystère non plus de vouloir se passer du dollar dans leurs transactions internationales. La récente création d’une banque de développement et d’une réserve de change commune à ces pays (les BRICS pour Brésil – Russie – Inde – Chine et Afrique du Sud) n’est pas une donnée anodine même si son traitement par la presse française fut particulièrement léger. Les fonds de cette banque sont, pour le moment, libellés en dollar, mais sa simple existence montre bien le désir de ces pays de contrebalancer les institutions issues de Bretton-Woods, FMI en tête. Rien n’interdit d’imaginer qu’à terme la devise du fonds change pour quelque chose de plus indépendant de l’économie américaine.
Ceci n’est pas seulement un rêve humide de ces nations, puisqu’on doit maintenant tenir compte des accords bilatéraux permettant à un nombre croissant de pays de s’affranchir de passer par la monnaie américaine. Récemment, la Chine et la Russie ont par exemple signé un accord prévoyant des échanges de devises nationales (swap), sans passer par le dollar.
Petit-à-petit, les différents éléments d’un changement global important se mettent en place. Il y a presqu’un an, j’écrivais un article présentant l’idée que la Chine, en amassant ainsi des tonnes de métal précieux, pourrait un jour adosser son Yuan à l’or. Historiquement, on a déjà observé que les nations qui s’en sortaient le mieux étaient celles qui avaient un budget équilibré et une devise étalonnée. Ce fut le cas pour les États-Unis, l’Angleterre avant eux ou la France encore précédemment. L’année écoulée a montré que la tendance n’a pas varié et que l’idée même d’un changement paradigmatique de monnaie de réserve internationale n’est plus tabou.
Il faudra, sans doute, des années pour la transition d’une économie basée sur le dollar flottant vers une économie basée sur une devise à nouveau attachée à l’or, et de nombreux retournements sont donc possibles. Cependant, d’où nous sommes actuellement, la devise chinoise a de nombreux atouts et constituerait dans le cas d’un étalonnage sur l’or un standard monétaire international d’autant plus stable qu’a contrario, le le dollar est actuellement la devise d’une économie criblée de dettes.
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