Les reines du ring - 4/10

Un film de Jean-Marc Rudnicki (2013 - France) avec Marilou Berry, Nathalie Baye, Corinne Masiero, Audrey Fleurot, André Dussollier, Isabelle Nanty

Très inégal.

L'histoire : Rose sort de prison, où elle vient de passer cinq ans, et n'a qu'un objectif : retrouver le contact avec son fils de dix ans, placé en famille d'accueil et ne manifestant aucun désir de la revoir. L'enfant est passionné de catch et Rose se dit que ce serait peut-être un moyen de communiquer avec lui. Elle s'inscrit à un cours, auprès d'un ancien catcheur, et entraîne ses copines caissières.

Mon avis : Beaucoup de gâchis dans ce film. Une belle brochette d'actrices... mais livrées à elles-mêmes. Un scénario épouvantablement banal et cliché. De l'humour qui ne sait s'il doit utiliser la veine française traditionnelle ou bien se mettre à la mode des grivoiseries en tous genres américaines. Des scènes maladroites, parfois ridicules. Et des rôles très caricaturaux. Non, franchement, ce n'est pas le top !

Les actrices m'ont particulièrement déçue, et pas qu'un peu. On passera vite sur la prestation de Marilou Berry, transparente à la limite du fantômatique ; on est bien loin de la personnalité de sa mère ; le talent n'est pas forcément héréditaire. Et c'est le personnage principal ! Et ben... Audrey Fleurot, quant à elle, fait dans la surenchère constamment ; elle joue la bombasse de service, nympho sur les bords ; elle aurait pu la jouer super marrante, ce qu'elle tente de faire d'ailleurs ; mais ça ne fonctionne pas, elle n'est pas naturelle du tout (pas d'émotion, pas de tendresse) et n'attire pas notre sympathie. Nathalie Baye est - trois fois hélas - carrément pathétique... Bien sûr, son rôle est celui d'une ménagère de 50 ans (elle en a 66 en vrai... et ça se voit, malgré le botox... ou devrais-je dire "à cause" du botox ?), épuisée par son boulot, par le ménage, par son mari qui la trompe à tout va, par ses gosses, affalés devant la téloche, mal fringuée et mal peignée, mal décolorée, vu qu'elle n'est pas censée avoir les moyens. OK. Mais l'actrice elle-même, à force de vouloir nous faire croire que j'ai 66 ans mais j'en parais 50 ne trompe qu'elle-même... et c'est ça qui est pathétique. La caméra insiste sur son petit fessier de fille de vingt ans et ses facéties en tous genres : doublure ou réalité (elle a été danseuse, ça aide) ? Peu importe, ce genre de rôle, qu'elle semble maintenant privilégier pourtant, ne lui vont pas du tout... elle n'est absolument pas crédible.

Mais il y a ISABELLE NANTY, directrice du supermarché, qui en fait des caisses comme d'habitude (ah le jeu de mots, ah ah ah...), et qui est hilarante. On dirait qu'elle prend un immense plaisir à ce qu'on l'habille et la coiffe de la façon la plus ridicule possible, et à partir de là, elle fait vivre le personnage, quel qu'il soit, avec une cocasserie inouïe. Une très grande actrice.

Et CORINNE MASIERO, cet OVNI improbable, hallucinante de naturel, même dans ce personnage à mi-chemin entre Morticia Adams et Jack l'éventreur ! Le tout avec l'accent du nord, sa voix d'outre-tombe et un surnom d'enfer : Kill Biloute (ou variante : La Bouchère de Béthune !), qui lui va comme un gant. Elle est formidable et m'a fait énormément rire. C'est le genre de prestation qu'on retient, et qu'on se remémore entre potes, en "private joke" : on évoque soudain "La bouchère de Béthune" et tout le monde éclate de rire. Une autre très grande actrice.

A voir pour elles deux et basta. Vous pouvez passer le reste en accéléré...

Quelques critiques ont bien aimé le coté "kitsch assumé" (ce que je trouve ridicule comme argument, puisque le catch, par définition, est kitsch) et louent le talent des actrices (ah ouais ? on n'ose pas dire que Nathalie est nulle ?). Je suis pour ma part d'accord avec les méchants de 20 minutes : "Le spectateur reste sur le bord du ring, tant le scénario multiplie les archétypes saupoudrés aux bons sentiments", du Monde : "Les Reines du ring" s'avère être un archétype du ratage qui frappe régulièrement les grosses productions françaises. (...) Rien ne tient debout. Tout est là pour le décorum" ou de Première : "Ne reculant devant aucune vulgarité et tirant les personnages vers le bas (...), Jean-Marc Rudnicki signe une comédie désarmante de simplisme et écoeurante de sentimentalisme" Le public est un peu plus indulgent, mais le film n'a fait que 200.000 entrées.

Pour l'anecdote, on lit ici et là qu'André Dussollier "avoue" s'être inspiré de Clint Eastwood dans Million Dollar Baby ! NON ???