Le fait est avéré : réaliser un film ayant pour sujet des héros en devenir ou super par leurs aptitudes est une recette commerciale qui est régulièrement associée à des entrées massives dans nos salles obscures favorites. Seulement, entre les adaptations réitérées de la troupe des Avengers avec du Iron Man et du Captain America à répétition, d’autres amateurs de bande-dessinées restent sur leur faim. Que cela soit d’un point de vue qualitatif ou voguant sur l’envie de variations, Hulk et Thor ne seront désormais plus les seuls à en imposer dans les box-offices.
Faites place aux Gardiens de la Galaxie, un comics édité aux alentours des années 1968-1969. Rétro, moins plébiscitée avant l’adaptation cinématographique, de nouvelles égéries se distinguent. Pour la première fois, et depuis quelques années, la caméra dirigée par le méconnu réalisateur James Gunn nous amène à découvrir un scénario inédit qui ne concerne aucun membre des Avengers. La particularité de nos 5 personnalités ? Appartenir de près ou de loin à des Aliens (Gomora, jouée par Zoe Saldana); des individus fantastiques (Rocket Raccoon doublé par Bradley Cooper et son compère Groot dont la voix est assurée par Vin Diesel); extrêmement musclé (Drax le Destructeur, un rôle endossé par le catcheur Batista) ou humain (Star-Lord incarné par Chris Pratt). En bref, hormis leurs origines, rien ne les prédestine à rejoindre le rang des super-héros puisqu’au final ce ne sont que leurs gestes coopératifs qui leur donneront une dimension héroïque et l’appellation "Gardiens de la Galaxie". Au sein de la famille Marvel, Les Gardiens de la Galaxie se distingue déjà. Parmi les "grosses sorties" de l’Eté 2014, la volonté est y aussi très forte : quelque chose lui donnera une probable postérité; son esprit décalé en fait un divertissement de qualité et parait porter avec lui la volonté de bien-faire. Partons pour un voyage de 2h environ séduisant et prenant. Si le transport est perfectible, l’immersion est certaine.
Peter Quill aka Star-Lord. Il honore les premières minutes explosives et décalées du film, à découvrir en salles !
En 1988, Peter Quill est un enfant qui doit faire face à l’absence d’un père et soutient moralement sa mère, atteinte d’un cancer. Un soir, à l’hôpital, Peter s’enfuit et est récupéré par un vaisseau extraterrestre. En 2014, l’enfant recueilli par Yondu, est devenu un adulte se faisant appeler "Star-Lord" de son pseudonyme. Seul, notre personnage est à la recherche d’une orbe mystique. Du moins, il pensait l’être pour revendre l’énigmatique artefact. Rapidement, l’objet est source de toutes les convoitises : Gamora; membre de la garde rapprochée du cruel Ronan; Yondu le bandit-pirate ("Ravageurs" d’après la traduction Française) met désormais la tête de Star-Lord à prix pour ne pas avoir honoré la quête. De fil en aiguille, les 2 chasseurs de primes représentés par Rocket Raccoon et Groot cèdent à l’appel du butin. Absolument rien ne prédisposait ces individus à se connaitre et à partager beaucoup de leur intimité puisque tout opposait ces êtres fictifs.
5 Personnages diamétralement opposés qui vont se forcer de "cohabiter" ensemble.
Les Comics ont souvent ce côté effrayant d’imposer d’emblée un univers complet qui n’est pas toujours maitrisé par l’ensemble des spectateurs. Avec Les Gardiens de la Galaxie, il y avait matière à la production. Pour trouver une adéquation entre le divertissement, le rire, le plaisir et des héros attachants, James Gunn a jugé bon de s’arrêter aux dernières parutions Marvel en s’inspirant grandement des dessins "artistiques" puis colorés du duo Abnett et Lanningg. En 2008, nos deux passionnés dessinateurs ont remis Les Gardiens de la Galaxie sur le devant de la scène en introduisant les charismatiques Rocket Racoon et en recontextualisant le sympathique – mais peu bavard – Groot. Ceci étant, le scénario final prend ses libertés par rapport à ce qui est connu du point de vue du Comics : Youndu est supposé être un membre des premiers Gardiens de la Galaxie; l’appellation de Star-Lord intervient dans un contexte non plus arbitraire mais dépendant d’un statut de justicier … Cela n’empêche pas à la production finale de briller par son côté irrévérencieux, son humour et ses moments décalés : le but avoué étant de fournir des bases de compréhension à une mythologie étendue. Toutes les similitudes avec d’éventuels autres héros Galactiques (Star Wars ?) se ressent à travers leur identité commune de Space-Opera aux douces influences des années 1960-1970. Le scénario ne s’encombre pas de complexités si bien que l’on aurait grand mal à lui reprocher puisque tout s’imbrique avec fluidité, se suit avec intérêt pour mener notre équipe de choc à défendre ou non la Galaxie dans laquelle ils vivent.
Cette inspiration aurait peu de valeurs sans ses chutes, des cheminements parfois prévisibles avec ses propres variations. (Scène du Walkman entre Gomora & Star-Lord; péripéties de la sphère au cœur du récit …) En prenant des libertés, James Gunn n’oublie pas de saisir la particularité forte de nos 5 Gardiens : des personnages humains, des répliques souvent piquantes lancées par Rocket, une gestuelle mémorable de Star-Lord et son attachement à son Walkman. Ces micro-faits, plaisants au demeurant, confirment tout à fait un statut de divertissement. Il suffit de s’installer puis d’écouter pour apprécier les péripéties des personnalités peu communes.
Les vilains sont reconnaissables au 1er coup d’œil. Et leurs motivations très claires.
Seul regret peut-être : les répliques manquent parfois un peu de relief notamment à travers le rôle de Drax le Destructeur. Groot est excusé de l’alignement de ces 3 mots "Je s’appelle Groot" … La "déception" réside le déroulement (trop?) bon enfant du scénario qui, à avoir été nourri aux modèles de la Space-Opera oublie de renouveler son contrat pour ainsi viser la moyenne haute dans le genre.
La première apparition de Rocket est particulièrement … Remarquée !
Convaincant pourrait être un autre atout, et non des moindres, fièrement tenu par Les Gardiens de la Galaxie. Visuellement, la quasi intégralité du long-métrage a été réalisée en studio. Avec cette idée en tête, le trompe-l’œil est plus que nécessaire mais d’une excellente facture. De la planète Xandar à Knowhere, le rendu frôle la perfection. Plus encore : face à des acteurs en chair et en os, Groot et Rocket Raccoon s’imposeraient comme "les" vedettes des 5 héros potentiels. Les textures et la modélisation restent stupéfiantes de réalisme, donnant un capital sympathie supplémentaire à nos Gardiens. Dans le même ordre d’idée, ce sera du côté de la direction photographique que le spectateur pourra être pris d’affection. Sans être trop axé sur l’identité Comics-Bande-dessinée (Type Hulk 1er du nom datant de 2003), l’ensemble arrive à être à mi-chemin entre un aspect visuel très important, bien dosé, bien amené. (Ralenti dans les scènes finales; scène de vol spatiale avec Star-Lord; descente du Milano avant de rencontrer le grand vilain Ronan …)
2 "Awesome Mix" bienvenus et apportant une touche retro-élégante aux Gardiens de la Galaxie !
L’opinion à extraire de ces Gardiens de la Galaxie vaut pour beaucoup pour un aspect rétro’ presque ringard qui lui confie une élégance soupçonnée. Le premier artisan de cette réussite dans l’atmosphère tournée vers les années 1980, le cadre chronologique initial de la production, reste la bande-son mémorable. A la manière d’un Tarantino, James Gunn "fouille" dans les anciennes réussites et les bons accords pour une Original Soundtrack teintée d’espoir, fondue à la pop-culture pour agir comme des hymnes connus du grand public. Hooked on a feeling (Utilisé notamment dans Reservoir Dogs de Q. Tarantino); I want you back des Jackson 5 ou David Bowie et son Moonage Daydream : impossible de ne pas au moins connaitre 1 ou 2 titres de la bande-son efficace. Ces "Awesome Mix Volume" sont activés par notre héros en de nombreuses reprises pour jouer une carte essentielle dans cette bande-son ayant plus la forme d’une compilation maligne.
Rocket apporte une touche d’immoralité indéniable. Souvent efficace !
L’on pestera volontiers par un côté très prévisible du scénario, heureusement sauvé par l’identité qui faisait le charme d’une production indépendante et assez peu connue de James Gunn : Super. Si Les Gardiens de la Galaxie se présente en tant que long-métrage plus axé vers le tout-public, il y a eu cette volonté de proposer une brèche dans les studios Marvel. En conséquence, au regard du cahier des charges, Les Gardiens de la Galaxie semble avoir réussi son coup de poker. Divertissant, correspondant au schéma global de la maison d’édition de super-héros, le tout avec des acteurs qui contribuent à assurer pleinement leur travail : le charme prend très vite et nous fera oublier le côté aseptique que pouvait avoir Avengers 1er du nom paru en 2012.
"I am Groot! I am Groot ?"
On a aimé :
+ La dimension Space-Opéra.
+ La bande-son : les années 1980/1990 retranscrites avec panache !
+ Des effets spéciaux très convaincants.
+ Rocket Raccoon et Groot : le duo graphique et l’atout charme de Les Gardiens de la Galaxie.
+ La patte James Gunn : kitch, décalé et un brin ringard à certains moments.
+ Les références, clin d’œil et nettes inspirations.
On a détesté :
- Côté très prévisible et bon enfant du scénario. (Les limites du tout public ?)
- Dialogues parfois décevants.