Avec son allure frivole, escortée d'un look original (pouvant parfois rappeler les haillons de la génération Cobain) Benjamin Booker n'a pas fini de faire parler de lui. Après une apparition télévisuelle sur le plateau de David Letterman et d'un show au festival de Lollapalooza, c'est surtout durant la tournée « Lazaretto » de l'incroyable Jack White, dont il a fait la première partie, que le chanteur, guitariste et auto-compositeur américain fut férocement exposé sur le devant de la scène. Il s'agit là d'un pas de géant dans le monde sévère de l'industrie musicale pour un artiste novice qui a fait ses débuts sur scène il y a seulement deux ans.
Ce jeune musicien insouciant est doté d'un talent sauvage et d'une énergie folle qui s’emmêlent avec sa voix rauque de vieillard. Cette tonalité rouillée lui a valu des comparaisons au fameux Bruce Springsteen – quel privilège ! Ce côté jeune, vif et dingue ainsi que la sagesse ressentie dans sa voix sont deux éléments distincts qui s'entendent dans son premier album éponyme. Alors souvenez vous de ce 19/08/2014 – jour où le rock a tremblé – avec la sortie, très attendue, du premier album de l'enfant prodige. En effet, Booker avait déjà fait monter la sauce avec ses deux singles "Violent Shiver" et "Have You Seen My Son ». Il a pu jouir de critiques très élogieuses, notamment d'une place dans le classement des « 10 new artists you need to know » du magazine Rolling Stone.
Alors que beaucoup d'auditeurs pleuraient la mort du rock & roll durant notre siècle avec soit-disant une « génération craignos » qui, musicalement, n'est pas à la hauteur de la précédente, Benjamin Booker démontre le contraire en offrant des morceaux chargés de rock et arrosés d'une touche de blues. Avec un fond sonore similaire au rock des années 1960, Booker rend au hommage au rock & roll sans calquer mais en installant un son unique. Globalement, BENJAMIN BOOKER rassemble plusieurs styles de la famille du rock, soulignant ainsi les deux facettes du chanteur. Et avec quelques influences punk durant son enfance, l'artiste n'oublie pas d'en imprégner sa musique.
Le jeune rocker offre alors un début d'album très dynamique avec des premiers titres, animés de riffs de guitare saturée, qui donnent la pêche. Suite à ce début agité, l'auditeur peut reprendre son souffle avec le touchant "Slow Coming* qui distille une sonorité similaire au titre "Long as I can See The Light" du groupe Creedence Clearwater Revival. Sa voix, parfois mélancolique, déborde d'émotions ; elle vous emporte et vous pousse à méditer à propos des thèmes fondamentaux de la vie qui sont abordés dans l'album. La sincérité dans sa voix est troublante.
Le fantastique morceau "Have You Seen My Son" sort clairement du lot. Cette mélodie dansante (dans le même genre que Little Richard) et cette cadence intense, déclinant sur un solo en fin de chanson, rappellent la spontanéité du rocker. Cette même agitation se fait également ressentir dans la version acoustic que vous pouvez écouter via la vidéo ci-dessous. Voilà du blues dans toute sa splendeur qui vous touche jusqu'au fond de vos tripes.
Quoi qu'on en dise, le rock est toujours là et le sera toujours, il vivra à travers des artistes bourrés de talent tels que Booker. Ce dernier est sur la bonne voie pour se classer parmi les légendes du rock ; Jack White et compagnie n'ont plus qu'à surveiller leurs arrières. BENJAMIN BOOKER : un premier album, complet, largement à la hauteur des attentes, qui lui réserve un avenir très prometteur. Faire de la musique sans rien calculer, improviser du bon son et gérer ; tel est l'adage de Benjamin Booker.