J'avais oublié les horoscopes avec le magazine sur la banquette, proche de moi, et non dans mon sac de plage, le mois d'août défilait dans le noir des tunnels du métro. Troublante saison, celle qui vous fait porter un jeans alors que vous avez rêvé de robes légères, de cette tunique marinière avec de fines rayures indigo sur fond blanc, ma robe d'été fétiche. Aujourd'hui soleil, hier pluie fine et bourrasques d'automne, manteau noir, même le parapluie n'arrivait plus à contrer les gouttes, le vent, cette force humide. Puis le retour du soleil, timide derrière les nuages, ma version de mode qui hésite tout autant que lui.
Chemisier avec ce pantalon cigarette, même si j'envie cette chanceuse qui elle a osée, presque pariée sur le beau temps, avec sa jupe patineuse, des petits plis par-çi, des reflets blancs et gris par-là, des ballerines argentés. Un bel ensemble, et puis ce duo, troublant lui aussi soudainement dans votre coeur, elle avec son amoureux, moi sans lui. Quelle saison étrange, habituellement calme avec des zestes assurés de sérénité, et puis cette année, ce doute, cette fracture, cette rupture fatale, inattendue.
Rien n'annonçait tous ces changements, ni les étoiles, ni le bonheur autour de moi, ni mes amies, et le printemps avait été si routinier, un brin pluvieux, des douceurs pour sortir de l'hiver, pour ranger les manteaux mais pas les bottes, mon pêché mignon. Mais finalement en juin, ce fut dans des cartons, dans une voiture d'un ami fidèle, que j'ai déménagé, laissant à mon ex, le lieu de notre vie commune, le lieu de sa vie future avec l'autre. Partie, esseulée, perdue, j'avais échoué chez ma tante, une heureuse quinqua célibataire dans un grand appartement, une chambre pour moi. Un rappel de mes études, un temps où elle était encore en couple, avec mes cousins encore présents, un vide que je venais comblé dans son agenda rempli de rencontres, d'amies et de beaux mâles à son bras. J'avais ri de tout cela, j'avais oublié ma propre tranche de vie, les quatres dernières années, surtout quand ma chef m'avait annonçé une réduction d'effectifs, moi dedans.
Troublant été, à chercher du boulot, à ne pas être en vacances, à ne pas savoir réellement où aller pour rencontrer les couples d'amis pleins de compassion sur ses divers évènements. Je le vivais, je n'avais pas envie de me l'entendre répéter. En jean, avec un petit pull noir, sans chaleur, je croisais les agences, les rendez-vous où les personnes n'ont pas lu mon cv, je répondais sans conviction. Assommée, cet après-midi, je prenais une pause sur un banc, cherchant le soleil pour gonfler ma batterie intérieure. Laissant pleurer mon coeur, en chômage de sentiments.
Un coup de fil, Céline, ma meilleure amie, elle a pris une journée pour être avec moi, demain, aucune excuse valable, prévient-elle. Alors demain, ce sera aucune touche de grisaille, mais une jupe, des talons, un top toute féminin avec de la dentelle, et puis des boutiques, un repas, des macarons, des moments acidulés, la vie !
En septembre, demain aussi, tout changera, ou ce tourbillon continuera, un espace de changement auquel je me suis habitué, devenant les fondations d'une nouvelle force pour moi. Les cheveux dénoués, changer, revivre.
Demain !
Nylonement