« Une petite guerre parfaite »
DONES Elvira
(Métailié)
« Et là, juste dehors, il y a tante Dardana, criblée de balles, mais on ne voit pas ses yeux parce qu’elle a eu la bonne idée de les fermer en mourant, ce serait resté un mauvais souvenir sinon, pense Blerime. Un dur souvenir. »
Elvira Dones fait revivre dans un récit d’une extrême densité la guerre qui opposa serbes et kosovars. La guerre vécue par quelques femmes, toutes kosovars. La barbarie. Dans un quotidien qui amalgame l’angoisse de la mort de soi et de ses proches et le furtif espoir que l’abomination cessera bientôt. Des femmes qui n’ont d’autres recours que de survivre avec le peu qu’il leur reste. Des femmes qui se connectent de temps à autre au reste du monde afin de parler quelques minutes avec un exilé ou un réfugié, afin de savoir si Clinton va enfin venir à leur secours.
Elvira Dones brosse de la guerre un tableau sans concession. Rouge sang. Et le noir de la multiplicité des deuils. Les victimes kosovars et les bourreaux serbes. L’histoire de ce conflit alimente le plaidoyer contre la guerre, un plaidoyer sans concession, un plaidoyer qu’il est utile de découvrir en ces temps où une autre guerre détruit un autre peuple sans que l’opinion internationale ne s’émeuve plus qu’il ne lui paraît nécessaire.