La Route du Rock 2014 - Bilan
Quatre jours passés. Nostalgie, musique, sourires pour soi. Je n’avais pas prévu d’écrire un article supplémentaire sur La Route du Rock. Mais au delà des concerts et des artistes, la lecture de dix mille articles sur cette édition 2014 m’a poussé à livrer quelques réflexions qui n’intéresseront sans doute que ceux qui ont partagé ces trois jours malouins.
- Ne boudons pas notre plaisir. Encore une fois, la programmation était super chouette. Tout le monde pouvait y trouver son compte, de la pop, du néo-punk, de l’électro et bien sûr du rock. Le festival se démarque de beaucoup d’autres par son exigence, ses choix militants, et on a envie de défendre cette position. Mais quand j’ai vu l’ampleur de la chenille vendredi, la joie des festivaliers à se laisser aller sur du Zouk, je me dis qu’il y a une piste à creuser. L’idée n’est pas de trahir l’esprit pointu et rigoureux de la programmation. Mais d’offrir pourquoi pas un sas de décompression un soir sur trois. Cette année a été un bel exemple : après tant de galères boueuses, de station debout, de concerts tendus, nerveux, intenses, pourquoi ne pas offrir l’espace d’une heure un bon gros set de tous ces standards qu’on danse avec un peu de honte. Il y a en tout fan de Slowdive ou de Moderat un client pour se laisser aller sur La Compagnie Créole, Abba ou Europe. Parce qu’on est tous les mêmes. Il m’a suffi d’entonner Digadigatong digatigatong, ohé ohé, au camping pour entendre un écho énorme. Et qu’on ne me dise pas que La Route du Rock est le festival le plus classe du monde. Même si les Gérards n’avaient pas de stand cette année, leurs stickers sont la preuve par écrit qu’on aime tous le mainstream, le populaire, le graveleux.
- De qui se moque-t-on ? Certes je fais partie des happy Few qui ne font pas la queue pour rentrer sur le site. Mais j’ai aussi fait partie des festivaliers au camping. Une boue incontrôlée, un site de campement à l’aménagement plus qu’hasardeux, un site où tout le monde patauge dans la mélasse. Des bières hors de prix et souvent déjà ventilées. De la Kro ? Quand on connaît toutes les bières bretonnes, ça donne forcément envie de faire passer de la St Erwan ou de la Coreff dans l’interstice de ses bottes. D’accord pour contribuer au budget fragile du festival, mais alors prévoir plus d’endroits où s’asseoir. Bon par contre il faut reconnaître que la proposition alimentaire tient la route : Thaï, Burger, Galettes, Patates au St Nectaire, il y avait de quoi survivre au Fort St Père. Mais par pitié pensez-y : quand adoptez la position assise devient le suprême luxe, pourquoi ne pas regorger d’inventivités et poser ici des grosses pierres, là une estrade, voire plus loin, des sièges. Tout le monde ne sera pas sauvé, mais au moins on se dira que vous avez fait le nécessaire. La conférence de presse a promis des améliorations. Wait and See…
- De qui se moque-t-on (bis) ? Il ne fait pas bon être une fille à la Route du Rock. Rares sanitaires mais dégueulasses, queues interminables. Sans voyeurisme, il était fréquent de voir des solutions de fortune où la copine cache comme elle peut les fesses à l’air de sa pote derrière une poubelle pour vidanger des bières. Si on ajoute à ça les litres d’urine que les mecs ont déposé contre les barrières du Fort, on peut se demander s’il n’est pas possible d’offrir un vrai stand W.C, genre 40 blocs au sec avec du papier toilettes. S’il faut rajouter 5 € par place, je valide. Je n’ose imaginer le festivalier à la colique pressante. De honte, il doit encore être en train d’errer dans les champs aux alentours.
- 26 500 spectateurs en trois jours. L’échec de 2012 est épongé. Portishead cette année, comme Nick Cave l’an passé, ont porté à (boue) de bras le festival. Mais attention : la colère des festivaliers, tous les désagréments ici décrits, risquent de plus en plus de ternir l’image d’un festival qui reste cependant unique en France. Personne ne peut lutter contre les caprices de la météo bretonne. Et quand l’événement s’organise sur un site certes patrimonial mais incertain, il serait peut-être bon de revoir sa com’. Il y a mille façons de recommander des bottes, de dire subtilement aux festivaliers qu’ils vont en chier…Histoire de ne pas se sentir dindons de la farce. Certes les deux dernières éditions, lumineuses, ont brouillé les pistes. Mais il faut se rendre à l’évidence : La Route du Rock, c’est statistiquement 70% de pluie, 60% de boue, 50% de grand soleil. Alors on s’adapte ?
- Pour finir sur une note positive, il faut reconnaître qu’il règne à la Route du Rock, quelque soit le temps, une ambiance incroyable. Mille rencontres, mille entraides. Et je profite de cet article pour saluer tous les adorables croisés sur ma route, pour cinq minutes ou trois jours : Antoine, (ça va mieux ?) Anne (Temples !!!) , Stéphanie, Noon, Clémentine, Kim, Camille, Annabelle et Hervé, Chris et Isa, Chloé et François, Héloise, Yann, Laure et Elian, Clara, Matthieu…
A l’année prochaine !!!