La Chine doit comprendre que seule une utilisation plus stratégique de l’internet fera reposer sa croissance sur des bases solides, principalement dans le e-commerce des PME.
La croissance chinoise a encore d’immenses gains de productivité à venir chercher dans une utilisation plus pointue de l’internet et ses dérivés (sites d’e-commerce, système de paiement en ligne etc.), notamment lorsque l’on se place du point de vue des PME. C’est ce que révèle en effet une étude récente du cabinet McKinsey. Car si pour l’instant la Chine crée sa richesse dans une logique productiviste d’économie de coûts à grande échelle, l’internet lui donne notamment un moyen de réduire les coûts d’accès à l’information avec la promesse d’augmenter la productivité et de faire jouer la concurrence. Ainsi, la croissance chinoise, selon les chiffres de l’étude, pourrait bénéficier d’une meilleure utilisation de l’internet, entre 0.3% et 1% de croissance supplémentaire – et de 7% à 22% en cumulé jusqu’à 2025.
Des effets macroéconomiques pour la consommation et l’emploi
Et si l’étude rappelle que la Chine a pu profiter de l’accessibilité accrue à l’internet pour diversifier les biens de consommation (objets connectés pour la maison tel que U-Home ou biens culturels dématérialisés – le streaming est utilisé par 70% des internautes chinois), c’est néanmoins dans l’équipement et le savoir des entreprises que l’internet reste actuellement sous-utilisé. En effet, les entreprises chinoises ne consacreraient en moyenne que 2% de leurs revenus aux technologies de l’information. Les investissements à venir sont considérables quand déjà le marché du travail connaît une mutation. Le nombre de travailleurs ayant besoin d’une formation de plus en plus poussée en IT est en constante augmentation. L’étude McKinsey précise bien que le grand défi chinois est de faire passer ses PME à l’ère internet, ce qui n’est pas encore le cas pour deux tiers d’entre elles. Ce défaut d’optimisation des stratégies pénalise la croissance chinoise qui pourrait être plus forte encore, notamment dans l’accès et le traitement des Big Data dans certains secteurs tels que la santé ou la banque.
Le traitement de l’information est primordial dans différents secteurs
L’utilisation de l’internet en Chine rejoint par plusieurs aspects celle des pays développés. En effet, l’essor des réseaux sociaux (60 contre 73%) et la pénétration des smartphones (54 contre 69%) ont des ordres de grandeur de plus en plus proches entre la Chine et les Etats-Unis. D’un autre coté, le fossé qui existe encore entre les deux pays concernant l’utilisation du Cloud dans des secteurs comme la banque et la finance (notamment les prêts aux PME) est d’autant plus parlant. Ceux-ci doivent aussi être bouleversés par le développement du Big Data. Une "allocation plus efficiente du capital" grâce à une meilleure connaissance des clients et des risques ferait, selon McKinsey, économiser d’énormes montants, en frais d’assurance notamment. Les transactions en ligne – reliées à l’essor de l’internet – sont défendues par la Banque de Chine qui voudrait en faciliter l’usage. Plus généralement, les analystes de McKinsey insistent sur le fait que le gouvernement chinois, qui a seul le pouvoir de libéraliser l’accès aux données, est un acteur central pour maximiser les gains de productivité et stabiliser la croissance sur de solides bases. La formation d’une élite politique familière avec le langage de la technologie devrait donc être un passage obligé vers une impulsion centralisée, premier levier d’action en Chine.