Les plus anciennes données de la Ratte que l’on ait retrouvées figurent dans des manuels d’horticulture de la fin du 19e siècle. Son inscription officielle au catalogue français date de 1935, ce qui fait d’elle, l’une des variétés les plus anciennes encore produites aujourd’hui. Récit, en neuf dates, d’une histoire riche et mouvementée.
1962 – La Madeleine d’André
En 1962, la Ratte alors cultivé en Auvergne, dégénère. M. Malmonté, un ingénieur de la station variétale de Versailles, rencontre André Hennuyer, producteur dans le Boulonnais, qui accepte de régénérer cette variété. Trente ans plus tôt, sa maman cultivait dans leur jardin de Nesles, cette pomme de terre en forme de cornichon, qu’elle lui préparait « tiède sur une tartine beurrée ».
1965 – Variété adoptée !
La première année, André plante une quarantaine de pieds dans un champ de céréales, pour leur éviter toute contamination, mais un seul survit : le numéro 9. Grâce à ce miraculé, la culture de la Ratte peut redémarrer. Peu après, Dominique commence à prendre à son tour soin de la variété, sans savoir qu’il s’apprête à lui consacrer une grande partie de sa vie.
1977 – Les Touquet Plants
En 1969, André déménage pour s’installer à Montcavrel et y construire un bâtiment pour stocker la Ratte : c’est la création de Touquet Plants. Quelques années plus tard, Dominique prend sa suite et décide alors de se consacrer exclusivement à la culture de cette variété pendant quelques années et d’accroître le commerce de la Ratte de consommation, afin d’essayer de développer l’entreprise.
1980 – Une Ratte motorisée à Rungis
En 1981, il charge une jeune commerciale de parcourir les allées du marché de Rungis au volant d’une R5 maquillée aux couleurs de la Ratte. Le succès est au rendez-vous. Quelques années plus tard, Dominique fait la rencontre d’Audouin de l’Epine et de Jean-Pierre Guisset, deux producteurs expérimentés qui l’aideront à développer la Ratte. En 1986, les trois agriculteurs s’associent autour d’un nom, d’un terroir et d’une promesse de noblesse gustative : la Ratte du Touquet.
1987 – Le temps des médias
En 1987, Amora contacte Dominique : la marque veut mettre en scène la Ratte du Touquet dans une publicité : une première apparition télévisée dont les répercussions sont extraordinaires. Les chefs (Robuchon et sa célèbre purée de ratte, par exemple) et les médias commencent à s’y intéresser. On la retrouve dans L’Express, Le Monde et l’émission culinaire de Bernard Pivot… jusqu’au Herald Tribune, qui lui brosse le portrait sous le titre : « potato of snobs ».
1988 – La Ratte à la conquête des grandes villes
A partir de 1988, la Ratte est choisie par Monoprix pour partir à la conquête des centres-villes. Outre-manche, c’est Mark&Spencer qui la fait découvrir aux gastronomes anglais sous le nom « french cornichon». L’aventure anglaise durera une dizaine d’années, et apportera à la Ratte du Touquet un véritable goût de l’innovation et une exigence de qualité renforcée.
1991 – Une évolution technique
Petite pomme de terre, fragile, sensible aux excès de chaleur comme au manque d’eau, la Ratte a toujours été un casse-tête pour ses producteurs, à tel point qu’en 1988, elle manque d’être abandonnée. La plupart des cultures sont déjà mécanisées, mais il faut attendre le début des années 1990, la plantation en billons (qui facilite considérablement la récolte) et l’invention de machines plus délicates pour pouvoir récolter la Ratte mécaniquement.
2007 – De la nouveauté dans les rayons
Dans les années 90, afin de valoriser les plus petites Ratte du Touquet (la Fine de Ratte), Dominique a l’idée de les commercialiser dans des bourriches à huîtres. En 2007, toujours autant à la pointe, la Ratte débarque sur les étals dans un nouvel écrin, moderne et pratique : un petit sachet pour gourmets pressés, qui permet de cuire une portion de petites Ratte en quelques minutes seulement… au micro-ondes !
2010 – Pour une culture plus responsable
Cette année, sous l’impulsion de Dominique Dequidt, le chef de file de la Ratte du Touquet, les producteurs ont décidé de pousser leur démarche encore plus loin afin d’attester de leurs efforts en faveur de la protection de l’environnement en créant une Charte Qualité. Engagement à produire une pomme de terre de grande qualité, protection de l’environnement et de la biodiversité (notamment les abeilles), respect des hommes de la terre et volonté de progrès continu, constituent les axes de cette démarche.