© Thomas Pintaric – Wikipédia
Soirée prestigieuse s’il en est avec cette retransmission en direct depuis le Festival de Salzbourg de l’opéra de Verdi Il Trovatore avec un plateau fabuleux : Anna Netrebko, Placido Domingo et Marie Nicole Lemieux entre autres.
Il Trovatore c’est une histoire difficile. : infanticide, amours impossibles, meurtres, quiproquos… Le trouvère c’est littéralement le troubadour, celui qui chante et amuse la galerie. Pour faire simple, l’opéra de Verdi c’est l’histoire d’un trouvère et d’un comte. Ils sont tous les deux amoureux de la même femme, une dame de la Cour, Leonora. Elle aime le trouvère, mais le comte est puissant et les deux hommes se déchirent pour l’amour de la belle. Sauf qu’ils sont frères mais qu’ils ne le savent pas. Leonora finit par se tuer de désespoir croyant son dulciné mort. Le comte fou de rage fait exécuter le trouvère et découvre qu’il s’agissait de son frère. Hécatombe !
On apprécie tout particulièrement la mise en scène d’Alvis Hermanis qui joue sur deux univers. D’un côté une salle de musée et de l’autre les lieux traditionnels de l’opéra mais toujours avec en toile de fond de grands tableaux. C’est pertinent, amusant et donne l’occasion aux chanteurs de devoir jongler entre deux personnages. Anna Netrebko passe ainsi de gardienne de musée à une Leonora sensuelle en costume de velours carmin.
Dans la fosse l’orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Daniele Gatti. Le chef qui appuie généralement beaucoup sur les nuances peut ici laisser libre cours à son lyrisme et sa direction est très juste tout au long de la soirée mais toujours avec cette insistance sur les nuances.
Aux premières notes d’Anna Netrebko nous sommes forcément séduit par le timbre de miel de la soprano russe. On doit avouer que nous trouvions au début qu’Anna Netrebko en faisait peut-être un peu trop dans les effets donnant à Leonora une touche un peu trop glamour. Mais au fur à mesure de l’opéra force est de reconnaître qu’Anna Netrebko est extraordinaire. Son timbre enveloppe l’immense scène de Salzbourg et transperce nos écrans de télévision. Elle est d’une justesse époustouflante à tout point de vue. On se souvient d’elle dans Anna Bolena et La Traviata. On se souviendra désormais d’elle dans Il Trovatore.
L’opéra se poursuit et les chanteurs toujours dans le décor d’une salle de musée finissent par prendre des costumes plus traditionnels. Placido Domingo fait son entrée dans le costume du comte. Les trios avec Anna Netrebko (Leonora) et Francesco Meli (Manrico, le Trouvère) sont exceptionnels. Si Placido Domingo nous semble parfois marquer quelques signes de faiblesses notamment dans le souffle, on oublie très vite ces détails au profit de l’effet d’ensemble, de l’assurance et de la puissance dégagée par ces trois voix hors normes et de la puissance scénique inégalable de Placido Domingo.
Quant à Marie Nicole Lemieux elle est un ravissement. Son jeu unique, sa voix capable de parcourir un large éventail de timbres sans la moindre difficulté apparente, son œil rieur, ses sourires en coin. Nous sommes totalement sous le charme ! S’ajoute à cela que l’on entend plus souvent la chanteuse dans des partitions plus baroques. Marie Nicole Lemieux est tellement exceptionnelle qu’elle provoque chez nous frissons et émotion face à notre écran plus que de raison.
Enfin bravo à tous les seconds rôles. Tous sont remarquables et l’on retiendra surtout Riccardo Zanellato et Diana Haller qui ajoutent au caractère formidable de cette soirée un brillant encore plus éclatant.
Nous arrêtons là, nous n’avons plus d’idées de superlatifs. Rarement nous avons été autant ému face à notre télévision. Nous avions comme référence du trouvère à Salzbourg la version avec Leontyne Price et Karajan. Il y aura désormais celle avec Anna Netrebko.
Encore disponible sur le site d’Arte.
La dernière diffusion depuis le Festival de Salzbourg souvenez-vous on en a parlé !